Surtaxe pour les résidences secondaires : les maires sont très partagés
Beaucoup d’élus devraient rechigner à alourdir la fiscalité. Le ministre du Travail, François Rebsamen, s’est déclaré « plutôt défavorable » à la mesure.
Par Matthieu Quiret
« C’est une taxe négociée sur mesure pour Anne Hidlago », sourit le responsable d’une association d’élus locaux. En dehors de la mairie de Paris, la surtaxe sur les résidences secondaires dévoilée lundi soir par « Les Echos » et confirmée par le ministre des Finances, Michel Sapin, n’a pas soulevé un grand enthousiasme auprès des maires. Bercy a prévu dans le prochain collectif budgétaire de donner aux élus la possibilité d’augmenter de 20 % la taxe d’habitation des résidences secondaires situées dans les « zones tendues » (28 agglomérations, soit environ 1.150 communes).
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DOCUMENT La liste des zones tendues
« Nous ne sommes pas demandeur de cette taxe malvenue en temps de crise », a réagi Jacques Pelissard, président (UMP) de l’Association des maires de France. Pour lui, cette taxation supplémentaire est une façon « trop facile » de l’Etat de se défausser sur les collectivités. Même réaction de Caroline Cayeux, maire UMP de Beauvais et présidente de Villes de France qui représente les communes moyennes. « Une fois encore, le gouvernement choisit le matraquage fiscal au lieu d’attaquer de vraies réformes économiques. C’est une mesure injuste, qui va toucher les familles, on ne peut pas taxer à l’aveugle ».
La promesse d’une pause fiscale
Pour ces responsables, il sera difficile d’actionner ce levier alors que la plupart des élus ont promis une pause fiscale. Un argument pas très éloigné de ceux employés ce mardi matin... par le ministre du Travail, François Rebsamen. « Quand on dit on ne fait plus de taxes, on ne fait plus de taxes », a estimé l’ex-maire de Dijon. « Le Parlement a sa liberté. Il a quand même le droit de réfléchir. Moi je suis plutôt défavorable », a-t-il ajouté à iTélé.
Pourtant Jacques Pélissard reconnaît que certains maires pourront être tentés de compenser ainsi la baisse des dotations de l’Etat. Une association d’élus juge ce levier intéressant pour lutter contre le développement excessif des résidences secondaires dans certaines zones comme la côte basque, le Luberon ou les alentours d’Annecy.
Convaincre les propriétaires de louer
C’est précisément ce qui motive la mairie de Paris. « C’est un sujet de logement, pas de fiscalité, insiste Ian Brossat, adjoint communiste d’Anne Hidalgo. Pour l’élu, la mesure qui pénalise les non-résidents ne contredit donc pas la promesse de campagne de stabilité fiscale pour les Parisiens. Il espère que ce signal convaincra les propriétaires de louer leurs biens, certains quartiers concentrant un cinquième de logements utilisés parfois une semaine par an. Dans le cas contraire, ils contribueront à renflouer les finances de la ville.
Ce point de vue est partagé par certains maires de villes comme Biarritz qui demande le dispositif depuis quelques années. Mais l’Association des maires des grandes villes de France constate une grande diversité des positions de ses membres, tout en s’inquiétant de l’effet sur la population d’une telle mesure. « La Baule ne s’y risquera pas, les résidences secondaires votent là-bas », s’amuse un maire francilien.