Photovoltaïque : avantage aux fabricants chinois ?
Dans l'amont de l'industrie photovoltaïque, la Chine propose des prix entre 30 et 40% inférieurs à ceux de ses homologues européens : manquant cruellement de fabricants nationaux de cellules solaires sur le cristallin, la France fait la part belle aux modules venus de l’étranger. « Aujourd’hui, nous sommes obligés de nous tourner vers l’Asie », confirme Emmanuel Berthod, co-fondateur de 8minutes33. Créé en 2006, sa société conçoit, met en œuvre et exploite des centrales photovoltaïques de toiture assurant une fonction d’étanchéité pour les bâtiments industriels et tertiaires. La baisse des tarifs de rachat du photovoltaïque, qu’il salue par ailleurs, le pousse selon lui à importer davantage de cellules chinoises. « A 50 centimes le kWh, on n’arrive à faire des choses rentables que dans la rénovation. Nous avons revu toutes nos offres. J’ai été contraint de rediscuter avec des fournisseurs en amont pour ne pas perdre de clients ». Dans la technologie des couches minces, certains contrats n’ont même pas pu être récupérés : « 400 kW sont tombés à l'eau à cause des nouveaux tarifs », souligne-t-il. Du jour au lendemain. En effet, il n'est pas possible dans cette technologie d'avoir recours aus cellules low-cost asiatique pour rentrer dans ses coûts. Il évalue sa perte de chiffre d’affaires à 30% de l’activité. Un coup dur accompagné d'importations accrues. « 99% du matériel de 8’33 est d’origine franco-européenne. Je me vois désormais importer 50% du matériel de Chine, et me battrai pour ne pas tomber sous ce seuil » indique-t-il.
De manière globale, « 80% des nouveaux panneaux seront du semi-intégré », calcule le président du directoire 8minutes33 et ancien directeur général de Conergy France : à 42 centimes le kWh, « c’est viable dans le sud, mais pas dans le nord de la France ». Et « 90% des cellules du semi-intégré viennent d’Asie ». Corollaire, seuls « 20% des nouveaux panneaux constitueront des panneaux intégrés », favorisant la filière franco-européenne.
Bref calcul. Pour un particulier, une collectivité locale ou une entreprise souhaitant installer des panneaux sur son toit, la comparaison est simple, estime encore l’entrepreneur. Un propriétaire de bâtiment sollicité par une entreprise utilisant des modules fabriqués en Europe ou en France, pour rénover sa toiture et installer des panneaux photovoltaïques, « réduira ses coûts d’étanchéité de 20% », et se verra verser par l’installateur un loyer de « un euro par mètre carré et par an ». S’il fait appel à un concurrent allant s’approvisionner en Asie, par contre, le loyer amassé passe à « 20 euros du mètre carré de panneau par an », estime le patron d'entreprise. Toutes choses égales par ailleurs. De un à vingt, l'écart est abyssal.
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source Qualité/prix. « L’avantage en Chine tient principalement au coût du capital et à l’électricité subventionnée. C’est ce qui fait la différence de prix sur les cellules photovoltaïques », concède Richard Loyen, délégué général d’Enerplan. Une assertion qui met à mal l'idée reçue selon laquelle le coût de la main d'oeuvre serait le premier facteur de compétitivité en Chine. Reste que le prix n’est pas le critère absolu pour les industriels français assembleurs et installateurs de panneaux, en bout de chaîne. La qualité compte, ne serait-ce que pour des contraintes d’assurances. De ce point de vue, le marché des fournisseurs asiatiques est loin d'être homogène. Côté pile, « les 5 premiers fabriquant de cellules chinois se situent au meilleur niveau des standards internationaux », liste l’élu de l’association professionnelle de l’énergie solaire. Côté face, « les fournisseurs de la pire des camelotes » démarchent également le chaland, souligne l'élu de la filière. Or en France comme en Allemagne, l’installateur porte la responsabilité du bon fonctionnement du système, sa performance devant être garantie sur 20 ans. « Rien ne sert d’économiser 20 centimes sur les Wc, soit une centaine d’euros sur le kW, pour avoir un pépin matériel dans 5 ou 10 ans », indique Richard Loyen. Et puis, contre qui se tourner en Chine, en cas d’installation défaillante ? « Nous ne sommes pas que des épiciers », raille en conclusion le délégué général d'Enerplan. Sous cet angle, une filière franco-européenne se prévalant d'une meilleure fiabilité et traçabilité des matériaux a sa chance.
En somme, le made in China est-il obligatoire sur la technologie photovoltaïque la plus basique qu'est le christallin? Voire. Le consortium PV20 compte d’ailleurs tout particulièrement se positionner sur le cristallin : il joue sur la pénurie de fabricants de cellules en amont et la fibre franco-française de son projet, pour promettre une cellule compétitive avec la cellule chinoise dès 2011.
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