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Soyons clairs : la France risque vraiment d'être dans le noir !

Par Vincent Maillard (président d'Octopus Energy France)

Publié le 7 nov. 2016 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Nous agissons tous comme si l'électricité dont nous usons au quotidien était aussi naturelle et abondante que l'air que nous respirons. Pourtant, dès que nous branchons un appareil sur une prise de courant, s'enclenche une cascade de phénomènes automatiques qui ajustent la production d'électricité de manière exacte et immédiate. On comprend alors aisément que brancher tous nos appareils en même temps occasionne des pics de consommation. Ces pics, notamment relevés lors des vagues de froid, ont déjà conduit à la saturation des moyens de production. Dans les cas les plus dramatiques, comme en décembre 1978, les centrales électriques peuvent même se déconnecter du réseau, entraînant les autres centrales par un effet de domino. C'est alors la coupure généralisée : un pays entier peut ainsi se retrouver dans le noir le plus total pendant plusieurs heures ! Tandis que l'on apprend que notre ministre de l'Environnement a récemment écrit au président d'EDF, s'inquiétant des prochains risques de black-out, il est temps d'éclairer les Français sur une situation qui les implique tous.

Le déclencheur immédiat de l'agitation actuelle résulte de défauts identifiés sur une partie du parc nucléaire d'EDF : 18 réacteurs sont concernés, et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en a identifié 12 sur lesquels des contrôles doivent être menés sans tarder, ce qui va obliger EDF à les arrêter, au moins temporairement, et ce... en plein hiver ! Malheureusement pour nous, ces arrêts interviennent tandis que 4 autres réacteurs nucléaires sont déjà arrêtés, pour d'autres problèmes. Enfin, ils auront lieu dans une France ayant récemment très fortement réduit sa capacité de production thermique (charbon et fioul) : le parc charbon a en effet été réduit de 4,0 GW et le parc fioul de 2,5 GW en cinq ans. Que risquons-nous concrètement ? Pour bien apprécier le risque de coupure, une méthode et quelques calculs sont nécessaires. La méthode est simple : elle consiste à vérifier si l'on peut « passer » sans encombre une situation très tendue, telle que celle que l'on a connue le 8 février 2012 à 19 heures (la demande avait dépassé les 102 GW) et à regarder en relatif ce qui se passerait cet hiver.

Or, pour faire face à une même situation, et d'après mes calculs basés sur les données de RTE et EDF, 11,1 GW de capacités en fonctionnement à la pointe de 2012 feront défaut cet hiver, soit :

-6,4 GW de production nucléaire;

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-2,9 GW de production charbon;

-0,8 GW de production fioul;

-1,0 GW d'effacements tarifaires (offres EJP, Tempo).

Et on ne peut compter que sur 4,4 GW de moyens supplémentaires. En conclusion, il manque donc encore 5,7 GW pour passer un pic de consommation équivalent à celui de 2012 ! C'est considérable, puisque cela représente plus du tiers de la consommation de la région Ile-de-France. Et il paraît peu probable que les importations des pays voisins, qui ont, eux aussi, fermé des centrales de production, puissent être aussi conséquentes qu'en 2012.

Le risque de coupure de courant cet hiver ne peut donc être écarté : il apparaît même très probable en cas de vague de froid équivalente à celle de 2012.

Il est plus que temps d'en appeler au bon sens : développons enfin de nouvelles solutions d'effacement chez les clients qui permettent, de manière indolore et sans coût pour la collectivité, de « passer » ces pics inévitables ! Les technologies sont là, et les fournisseurs de nouvelle génération proposent précisément des offres innovantes, qui donnent aux consommateurs les clefs d'un usage plus conscient et plus raisonné de l'énergie. Et ils sont disposés à le faire vite, si les moyens leur en sont donnés, et si l'opérateur historique cesse d'y mettre des freins artificiels et stériles.

Je fais le pari que l'intelligence collective l'emportera et je forme le voeu qu'il ne faudra pas attendre que la France soit dans le noir pour que nous devenions tous plus clairvoyants.

Vincent Maillard

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