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Civaux : rejets radioactifs gazeux



«L’écosystème terrestre est susceptible d’être influencé par les effluents radioactifs gazeux rejetés dans l’atmosphère.»

« Toute personne du public vivant en permanence aux abords de la centrale peut être soumise aux effets des rejets radioactifs gazeux par exposition externe provenant soit du panache, soit des dépôts au sol, et par exposition interne provenant soit de l’air inhalé, soit de l’ingestion de produits alimentaires.» .

Ce n’est pas nous qui le disons, mais EDF dans les études d’impact de l’enquête publique de 1994, préalable à la construction de la centrale.

D’où viennent-ils ?

  • Les effluents issus du dégazage du circuit primaire : ils sont constitués de gaz rares radioactifs (xénon 133, 135, argon 41, krypton 85), d’iode 131 et 133 et de poussières contaminées (aérosols de césium 134 et 137). On y retrouve aussi : tritium, cobalt 58 et 60, carbone 14, manganèse... Ces effluents hydrogénés sont stockés pendant un mois au minimum en réservoirs sous pression pour décroissance des produits de fission à vie courte à vie courte (iodes et xénons).
  • l’air de ventilation des locaux : bâtiments des combustibles, des auxiliaires nucléaires, de traitement des effluents et bâtiment réacteur pendant les arrêts de tranche.
  • Les fuites gazeuses éventuelles des circuits dans les bâtiments mis en dépression, sont évacuées par des ventilateurs d’extraction d’air après filtration.

La réglementation

Ces conditions de rejet des effluents gazeux ainsi que leur activité limite sont prescrites par un autre arrêté du 8 septembre 1997 .

Activité volumique moyenne maximum hebdomadaire ajoutée dans l’environnement, aux points de mesure, après dispersion :

  • 500 becquerels/m^3 pour les gaz
  • 10 millibecquerels/m^3 pour les halogènes et aérosols

Activité annuelle maximum rejetée par Civaux :

  • 330 térabecquerels pour les gaz
  • 11 gigabecquerels pour les halogènes et aérosols
L’arrêté prescrit un débit minimal de 43 m^3/s et une vitesse d’éjection des gaz de 6m/s au moins pour assurer le confinement des locaux à risque iode.

En principe :

  • Les rejets s’effectuent dans l’atmosphère par une cheminée de 75m de hauteur propre à chaque tranche.
  • Tous les effluents doivent être filtrés avant rejet. Ceux du bâtiment réacteur, quand il est décompressé ou quand l’air est renouvelé lors des arrêts de tranches, doivent être contrôlés.
  • Des filtres spéciaux doivent être utilisés pour piéger les halogènes (iode).
  • Chaque cheminée est munie d’appareils de contrôle redondants.
  • La dispersion des gaz doit être assurée en tenant compte de la météo pour assurer la dilution la meilleure possible car après rejet, ces effluents ne se mélangent pas instantanément à l’air ambiant. Ils sont influencés par des facteurs tels que : la vitesse du vent, la hauteur du point de rejet, la stabilité de l’atmosphère..
  • Des balises de mesure sont implantées en périphérie du site, à 1 km et à 5 km. Elles sont aussi équipées d’une alarme signalant l’interruption de leur fonctionnement.

Voilà les grands principes qui devraient être respectés. Dans la réalité, c’est moins simple.

Les effluents gazeux rejetés par la centrale de Civaux,

activité annuelle en GBq
année Gaz rares + tritium gazeux Halogènes (iodes) et aérosols
Limite : 330 000 GBq Limite : 11 Gbq
2000 <33000 <0,06
2001 9600 <0,073
2002 1200 0,027
2003 1490 0,059
2004 2430 0,066

Nous n’avons pas d’explication sur les chiffres très élevés de 2000. Que s’est-il passé cette année là que nous ignorons ?

L’augmentation de 2003 à 2004 s’expliquerait par les rejets nécessités par les arrêts de tranche : en 2004, 70% des rejets iodés se sont faits sur juillet et août !

Gaines défectueuses.

Il arrive que la gaine d’un élément combustible ne soit pas étanche. Cela s’est produit plusieurs fois à Civaux . Défaut de fabrication ou incident d’exploitation (comme une montée trop rapide en puissance) ? La cause n’a pas été expliquée. Cela se traduit par une activité excessive révélatrice en Xénon 133 dont la concentration habituelle de 10MBq/t est passée à 2400 Bq/t en 2004 sur la tranche 2 !

Question : Quelle activité supplémentaire cela représente-t-il en produits de fission dans le circuit primaire (qui pourrait même dans de telles circonstances se charger de quelques émetteurs alpha totalement proscrits des rejets ?) Des autorisations de rejet élevées. L’activité déclarée paraît minime au vu des autorisations accordées. Celles-ci ne sont-elles pas prévues pour gommer des rejets accidentels ? En tous cas elles permettent de minimiser les rejets et de dire qu’un très faible pourcentage de l’autorisation (énorme) a été rejeté.

Quels sont les dangers des rejets gazeux ?

En plus de l’exposition externe qu’ils peuvent occasionner, ces éléments peuvent être inhalés ou peuvent se déposer au sol et être ingérés, directement ou indirectement (lait, légumes, herbe...)

Certains lieux sont plus exposés que d’autres en fonction des vents dominants ou des conditions météos ponctuelles.

D’après EDF, « toute l’activité émise sous forme de gaz rares diffuse dans l’atmosphère et reste sous forme gazeuse. Ces gaz étant chimiquement inertes, ils n’interviennent donc pas dans les chaînes alimentaires » . Leur seule nuisance étant une exposition externe très faible...

Mais tel n’est pas le cas des iodes et des aérosols. Pour les iodes 131 et 133, le césium 134 et 137, le cobalt 58 et 60, le dépôt est accentué par des conditions météos défavorables comme la pluie. Ils peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire. Quand au tritium il est présent en permanence, sous forme de vapeur d’eau. Gare à vos salades.

Jusque là, les mesures effectuées par EDF et l’OPRI/IRSN n’ont pas décelé de marquage anormal de l’environnement terrestre ou dans le lait. (Les traces de césium omniprésentes proviendraient des retombées de Tchernobyl ou des essais nucléaires ; l’iode présent en amont et en aval de la centrale proviendrait des services hospitaliers de Limoges...)

Une remarque :

  • les contrôles sont peu nombreux et ponctuels et les analyses si elles ne sont pas réalisées rapidement peuvent ne plus porter de traces d’éléments très irradiants à vie courte comme les iodes 131 et 133 (périodes 8 jours et 21h), et les gaz rares, argon 41, xénon 135, etc... dont la demi-vie est de quelques heures.

Radioactivité ambiante.

Elle fait --en principe-- l’objet d’un contrôle grâce à des balises situées dans un rayon de 5 km autour du site.

Nous avons appris l’an passé l’existence d’un problème sur les balises situées à 5km censées renvoyer en permanence la mesure de la radioactivité ambiante en salle de commande.

Le CNPE affirme qu’elles assumaient quand même leur rôle de mesure et qu’il suffisait d’aller les lire sur place.

Nous ferons remarquer deux choses :

  • des pics d’activité avec un fort débit et dépassement peuvent ainsi passer inaperçus car non enregistrés,
  • ce sont, comme par hasard, les balises à 5 km qui donnent les moyennes annuelles les plus élevées de radioactivité ambiante !

Une explication a été donnée par l’exploitant : les balises enregistrent la radioactivité des murs sur lesquels elles sont posées ! ! 

Les limites des mesures et contrôles.

Qui sait avec exactitude ce qui sort de la centrale ? et peut-on faire confiance à l'autocontrôle de l’exploitant ?

D’abord la comptabilisation des effluents rejetés résulte souvent de valeurs calculées à partir de prélèvements ou estimées d’après le fonctionnement (carbone 14, par ex.) et non pas mesurées.

De plus, les modes de comptabili-sation changent au cours du temps.

Les pièges à iode ne sont mis en place sur les circuits de ventilation que si l’exploitant estime que l’activité en iode du rejet à effectuer est significative. Combien d’effluents iodés ne sont pas comptabilisés ?

Nous avons été accusés d’être soupçonneux. Cela prête à sourire. Bien des procédés et des dysfonctionnements sont révoltants car s’ils peuvent être fortuits, leur répétition n’incite pas à la confiance. Les exemples sont nombreux de déréglages et défaillances d’appareils de mesure pour les effluents liquides comme pour les gazeux. Quelques exemples :

  • En 2002, un appareil mal étalonné à Civaux sous-estimait l’activité du tritium rejeté, indiquant 44 Bq/l au lieu de 130 (la limite de rejet est à 80 Bq/l) . La même chose est arrivée à Chooz. Or il est bon de rappeler que si ces incidents sont connus c’est parce qu’une inspection avait lieu au moment des rejets . Sinon...
  • Les centrales sont censées envoyer aux inspecteurs de l’Autorité de Sûreté les dates prévues de rejet : les omissions sont fréquentes.
  • Même défaut d’étalonnage l’an passé, sur un appareil de mesure qui surestimait le débit de Vienne. Des rejets ont eu lieu pendant plusieurs jours alors qu’ils étaient proscrits.
  • Ailleurs c’est l’utilisation de capteurs sous-dimensionnés incapables d’enregistrer au-delà d’un certain débit de rejet.
  • Des filtres à iode sont indisponibles depuis plusieurs années (Blayais), des appareils de contrôle de radioactivité dans l’eau ou dans l’air s’avèrent n’avoir jamais été opérationnels, etc..

Quand des réservoirs sont parfois vidés simultanément -- ce qui est interdit -- qu’est-ce qui est comptabilisé ? La radioactivité d’un réservoir ou des deux ?

Les mesures sont sans doute difficiles à faire précisément. Mais il est tout aussi difficile de croire que la radioactivité émise annoncée n’est pas largement sous-estimée.

Malgré ses rejets chroniques et massifs dans l’environnement, EDF nie tout effet sur la santé, estimant que «la radioactivité apportée par la centrale à la population avoisinante est...d’environ un centième de la dose due à la radioactivité naturelle.» Une centrale lave plus blanc ! !

Son site internet affirme «En dessous de 100mSV, aucun effet des rayonnements ionisants sur la santé ne peut être démontré.» Mais l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. Et les effets de l’exposition chronique aux faibles doses font l’objet de révisions constantes.

Des études récentes montrent qu’un risque, même à faible dose. Une exposition de longue durée sous le vent des centrales laisse des traces. C’est ce dont témoigne aux Etats-Unis, l’analyse que des experts ont faite sur les dents de lait des enfants (Fairy Tooth Project).

Les maladies comme les cancers mettent du temps à se révéler. Peut-être un jour saura-t-on les imputer à une cause précise. Quant aux maladies thyroïdiennes et à leur croissance chez les enfants, proviennent-elles toutes de Tchernobyl  ?

Ceux qui veulent minimiser l’impact de Tchernobyl prétendent que l’augmentation des pathologies thyroïdiennes a commencé dans ce pays une dizaine d’années avant l’accident. Avec la mise en service du parc nucléaire en France ?

20 juillet 2005, Stop Civaux

 


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