Ce vaccin contre le cancer... qui ne sera pas commercialisé

Une stratégie originale de guérison du cancer mise en évidence au début du siècle a été purement et simplement... oubliée.

Par le professeur

Photo d'illustration.
Photo d'illustration. © Charly Triballeau / AFP

Temps de lecture : 2 min

Le journal Nature a récemment raconté une histoire extraordinaire*. On y voit à l'oeuvre le meilleur de la démarche scientifique : la capacité d'observation, l'intelligence de l'analyse et l'audace de l'expérimentation. En 1924 William Coley, chirurgien des os et cancérologue, observe le cas d'un patient qui souffre à la fois d'un cancer gravissime, le sarcome, et d'une infection cutanée, la scarlatine. Mais, au sortir de son épisode de scarlatine, le malade guérit de son sarcome, sans traitement spécifique, et il ne rechute plus jamais. Le docteur Coley en déduit que l'infection par le streptocoque, la bactérie de la scarlatine, a déclenché quelque chose qui a permis de détruire les cellules cancéreuses, soit directement, soit par une stimulation de son immunité.

À partir de là, le cancérologue américain s'est mis à "vacciner" des patients atteints d'un sarcome avec des streptocoques vivants, puis avec des streptocoques morts. Une analyse de ce travail, faite récemment, montre que ses résultats dans le traitement des sarcomes - une survie sans rechute de 50 % à 10 ans - étaient bien supérieurs à la performance que nous obtenons actuellement dans le traitement de ces sarcomes (38 %). William Coley a ensuite essayé ce vaccin contre d'autres cancers, avec des résultats satisfaisants même s'ils étaient moins spectaculaires que pour le sarcome.

Millions d'euros d'investissements

Cette stratégie originale, qui a fait l'objet d'une publication, a été oubliée, remplacée par des protocoles agressifs et coûteux qui empilent parfois chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie lourde. Elle a été redécouverte seulement en 2005, et l'on a même hésité alors à relancer la fabrication d'un tel vaccin. Mais faire ce vaccin est impossible actuellement. Pourquoi ? Parce que les normes de sécurité exigées pour injecter une bactérie, même morte, demandent des millions voire des milliards d'euros d'investissements. À moins que l'un des grands industriels du vaccin ne se lance dans une telle opération, ce vaccin ne verra jamais le jour. Tant pis si les patients continuent à mourir du sarcome et que le traitement a fait la preuve de son efficacité...

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Commentaires (20)

  • proton

    Est ce bien raisonnable dans le contexte et conjoncture actuels de fragiliser des entreprises pharmaceutiques qui engendrent des milliards d'euros pour la mise au point de médicaments dont on sait qu'ils ne soignent pas et engendrent des dégâts collatéraux... Et de tarir la source de profits à des politiciens et à des responsables de commissions qui ont en charge d'autoriser la mise sur le marché de leurs produits ? Tout le monde sait que dans notre pays il y a obligation de moyens mais pas de résultats... De toute manière la france et les français sont protégés naturellement par une barrière et que rien ne les atteint si forte que même le nuage de tchernobyl s'est arrêté à nos frontières... Heureusement dans notre pays qu'ils existent des médecins qui sont cleans comme la personne qui a combattu servier et la docilité et le pouvoir de nuisance qui lient les intérêts de l'argent mal gagné.

  • Paladin

    Parce que ce vaccin existe déjà dans la nature, mais la France y est allergique et de fait, elle en développe le cancer dans ces tribunaux... La Marijuana dont les principes actifs empêche le développement des cellules tumorales et cancéreuses selon de nombreuses études, et dernièrement, sont efficacité au renforcement immunitaire.

  • Shaitan

    D'inventions, de médicaments et autre qui nous seraient plus que nécessaires maintenant mais aux oubliettes volontairement. Question d'argent !
    de temps a autre ça ressort mais si peu.
    finalement il y a un siècle ils avaient de superbes idées mais juste pas les avancées technologiques de maintenant pour les réalisées.