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2015, la plus chaude des années, et de loin

Les douze mois écoulés ont battu un nouveau record de températures, ont confirmé conjointement la NOAA et la NASA, du fait d’un épisode El Niño intense et du réchauffement climatique.

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Publié le 20 janvier 2016 à 19h10, modifié le 21 janvier 2016 à 10h04

Temps de Lecture 3 min.

Carte des températures de décembre 2015, indexées par rapport aux plus chaudes et aux plus froides relevées depuis 1880.

L’annonce était pressentie. Elle est désormais officielle. L’année 2015 a été – et de loin – la plus chaude de l’histoire moderne. L’Agence océanique et atmosphérique américaine (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA) et l’Agence spatiale américaine (National Aeronautics and Space Administration, NASA), qui tiennent toutes les deux le registre des températures de la planète, l’ont confirmé conjointement, mercredi 20 janvier.

Les relevés des deux agences, établis de manière indépendante, diffèrent légèrement. Mais ils s’accordent sur le fait que les températures moyennes ont été les plus hautes depuis le début des mesures, en 1880. Selon la NOAA, elles ont excédé de 0,9 °C la moyenne du XXe siècle et surpassé de 0,16 °C le précédent pic, atteint en 2014. La NASA, de son côté, fait état d’une hausse de 0,87 °C par rapport à la moyenne de la période 1951-1980, soit 0,13 °C au-dessus du niveau de 2014.

L’année 2015 se classe ainsi largement en tête des années les plus torrides, devant, dans l’ordre, 2014, 2010, 2013, 2005, 2009 et 1998. Jamais encore un tel différentiel n’avait été enregistré entre deux années chaudes.

Le mois de décembre lui-même a battu tous les records, dépassant de 1,11 °C la moyenne du siècle passé, précise la NOAA. Autre indicateur au rouge : neuf des douze mois de 2015 ont chacun établi un record mensuel de températures, janvier, février et avril faisant exception.

Des températures hors normes ont été enregistrées presque partout dans le monde, ajoute l’agence américaine. C’est notamment le cas de l’Amérique centrale, de la moitié nord de l’Amérique du Sud, d’une partie de l’Europe du Nord, du Sud et de l’Est, jusqu’à l’ouest de l’Asie, ainsi que de la Sibérie centrale, et de l’Afrique orientale et australe. Cette vague de chaleur a également soufflé sur le nord-est et sur la partie équatoriale du Pacifique, le nord-ouest de l’Atlantique, l’ensemble de l’océan Indien, et même une partie de l’océan Arctique.

Déficit de pluies

Dans l’Hexagone, avait déjà fait savoir Météo France, 2015, avec une température moyenne supérieure de 1 °C à la normale, se classe au troisième rang des années les plus chaudes depuis 1990, derrière 2014 (+ 1,2 °C) et 2011 (+ 1,1 °C). Une douceur hors normes a prévalu une grande partie de l’année (à l’exception des mois de février, septembre et octobre), avec deux épisodes caniculaires en juillet et un début d’hiver exceptionnellement clément. Dans le même temps, la quasi-totalité du territoire a souffert d’un déficit de pluies.

Le record mondial de températures de l’année écoulée s’explique, pour beaucoup, par un épisode El Niño particulièrement intense, comparable à celui de 1997-1998. Ce phénomène naturel cyclique, qui revient à un rythme de trois à sept ans, se caractérise par un fort réchauffement des eaux de surface du Pacifique équatorial et une inversion des alizés, dont résultent, par le jeu des courants océaniques et atmosphériques, des bouleversements météorologiques de grande ampleur à l’échelle du globe. L’épisode en cours, après s’être graduellement renforcé depuis le printemps 2015, déclinera progressivement, mais devrait continuer à se faire sentir jusqu’à l’été, ce qui présage d’un début d’année 2016 lui aussi plus chaud que la normale.

Mais El Niño ne fait que renforcer la tendance de fond de réchauffement de la planète, dû aux émissions de gaz à effet serre d’origine humaine. « 2015 a été remarquable, même dans le contexte de l’actuel El Niño, souligne Gavin Schmidt, directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA. Les températures de l’année passée ont été aidées par El Niño, mais c’est l’effet cumulatif d’une tendance à long terme qui a abouti au réchauffement record auquel nous assistons. »

Chaleur additionnelle

La mesure des températures à la surface des terres n’en est du reste qu’un indicateur très partiel. En effet, rappelle le climatologue français Jean Jouzel, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’essentiel – plus de 90 % – de la chaleur additionnelle due aux gaz à effet de serre va dans les océans, et 1 % seulement dans l’atmosphère.

C’est donc le réchauffement des mers qui est le meilleur indice du changement climatique. Précisément, une étude américaine, publiée lundi 18 janvier dans la revue Nature Climate Change, rapporte que la moitié de la chaleur absorbée par les océans depuis le début de l’ère industrielle l’a été au cours des deux dernières décennies.

Pour autant, le bilan climatique des années à venir n’affichera pas nécessairement des niveaux de mercure sans cesse plus élevés. La variabilité naturelle du climat ainsi que des phénomènes cycliques comme El Niño et son contraire La Niña se traduiront probablement par des années un peu plus ou un peu moins chaudes. Mais une chose est certaine : du fait de la persistance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, de l’accumulation de chaleur dans les océans et, plus généralement, de l’inertie de la machine climatique, la planète continuera – même dans l’hypothèse d’une réduction drastique des émissions anthropiques – de se réchauffer dans les prochaines décennies.

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