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Quels pétroles pour demain ? Source : IEA

Ce terme regroupe plusieurs catégories : le pétrole lourd, qui exige un raffinage plus poussé, les sables asphaltiques, et les schistes bitumineux, des roches qui ont une forte concentration de matières organiques. Tous ces hydrocarbures ont subi une oxydation plus ou moins avancée (voir page suivante). Les pétroles non conventionnels ont été délaissés jusqu'à aujourd'hui, car ils sont très coûteux à exploiter. Mais aujourd'hui, on note un net regain d'intérêt pour le pétrole "lourd".

Le Canada, deuxième état pétrolier du monde

Le nouvel eldorado des compagnies pétrolières s'appelle l'Alberta. Ce territoire au centre du Canada recèle en effet de gigantesques gisements de pétrole non conventionnel. L'Alberta en recèlerait à elle seule 175 milliards de barils, ce qui la placerait en deuxième position derrière l'Arabie Saoudite pour les réserves. Et ce n'est qu'un début : au Vénézuela, au Brésil et en Russie, d'énormes accumulations ont été localisées.

Une centrale nucléaire pour extraire du pétrole !

La technique d'extraction consiste à injecter de grandes quantités de vapeur d'eau ou de solvant pour chauffer et fluidifier le bitume, puis pomper ce dernier pour le remonter à la surface. Une fois extrait, il est mélangé à des hydrocarbures plus légers pour le transporter par pipe-line. L'extraction du pétrole non conventionnel nécessite donc une dépense considérable d'énergie et d'eau. Le rendement énergétique est très mauvais, parfois même nul. Les canadiens envisagent même de construire une centrale nucléaire à proximité des gisements pour fournir l 'énergie nécessaire à l'exploitation !

D'énormes quantités de vapeur d'eau sont également consommées : il faut trois barils d'eau pour récupérer un baril de pétrole. De plus, la vapeur endommage le puits, dont la durée de vie ne dépasse guère les 10 ans. Enfin, le sable passe avec le pétrole dans le puits ou vient boucher les perforations permettant l'écoulement du pétrole.

Certaines tentatives pour économiser l'eau sont à l'essai. Total étudie par exemple la combustion in situ. On injecte de l'air ou de l'oxygène, qui chauffe le pétrole à 450°C, et provoque un craquage thermique dans le réservoir. Elle reste pour l'instant à l'état de projet.

"Les schistes bitumineux sont un mythe. C'est le bilan énergétique qui importe et non le prix"

Rentable ou pas ?

Selon Total, les schistes bitumineux pourront produire 5 millions de barils par jour en 2025. L'AIE mise plutôt sur 2 millions. Une goutte d'eau alors que la consommation pourrait atteindre les 120 millions de barils par jour en 2030. Même en imaginant des investissements colossaux, il faut au moins 10 ans pour construire une usine. Bref, pour Jean Laherrer, "les schistes bitumineux sont un mythe. C'est le bilan énergétique qui importe et non le prix": quel que soit le prix de l'énergie, vous en dépenserez toujours autant pour exploiter votre mine.

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