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Deux centrales nucléaires font l'objet d'intrusions le même jour

Le gouvernement s'est félicité de l'interpellation rapide de deux individus s'étant introduits dans les centrales du Bugey et de Civaux. Noël Mamère a, lui, dénoncé des "failles béantes" dans la sécurité des centrales.

Le Monde avec AFP

Publié le 02 mai 2012 à 08h52, modifié le 02 mai 2012 à 16h54

Temps de Lecture 4 min.

Deux intrusions dans les centrales du Bugey et de Civaux, survenues à quelques heures d'intervalle le jour où les deux finalistes de la présidentielle débattent en direct à la télévision, sont venues replacer mercredi 2 mai la question du nucléaire au cœur de la campagne.

Un militant de Greenpeace est parvenu à survoler mercredi matin à bord d'un paramoteur la centrale du Bugey, à Saint-Vulbas, dans l'Ain, a annoncé l'organisation écologiste dans un communiqué. "Il a réussi à déposer des fumigènes sur l'un des réacteurs et a atterri à l'intérieur du site", précise Greenpeace, qui y voit l'illustration de "la vulnérabilité des installations nucléaires à la menace aérienne". Le pilote a été "immédiatement repéré et interpellé" par la gendarmerie. "Il a été placé en garde à vue pour infraction au survol d'une centrale nucléaire et pénétration dans le périmètre de sécurité", précisent les gendarmes, qui ont également interpellé un second militant, cette fois à l'extérieur du site. Cette seconde personne "pourrait avoir servi de guide au pilote de l'engin" estime la gendarmerie.

"QU'ILS TIENNENT LEURS PROMESSES"

Quelques heures plus tard, le "poète-escaladeur" Hervé Couasnon, connu pour avoir approché de près en 2002 l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin à la tribune de l'Assemblée nationale, a pénétré mercredi dans l'enceinte de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). "Un individu a profité de la présence d'un camion de livraison pour déjouer la surveillance des vigiles", a indiqué la gendarmerie. L'homme avait pénétré la zone dite "surveillée", la plus éloignée des bâtiments de la centrale, avant d'être interpellé, peu après 14 heures.

Selon la gendarmerie, vingt-cinq membres du peloton spécial de protection de gendarmerie (PSPG) et neuf patrouilles du groupement départemental de gendarmerie de la Vienne, appuyées par deux équipes cynophiles, ont été mobilisés pour les recherches. Un hélicoptère devait également être déployé rapidement, selon la même source.

Alors qu'il se trouvait encore sur site, Hervé Couasnon a appelé l'AFP en milieu de journée. "Je suis à l'intérieur, je suis caché dans un taillis", déclarait-il, précisant avoir réussi à pénétrer peu avant midi sur le site, par un portail permettant l'entrée des voitures. Hervé Couasnon, qui s'était lancé dans la course à la présidentielle le 1er avril 2011 avant d'abandonner en février, a indiqué qu'il souhaitait ainsi demander aux "candidats qui débattront ce soir qu'ils tiennent leurs promesses (…) car les Français en ont marre de la société dans laquelle ils vivent".

"GREENPEACE N'A RIEN DÉMONTRÉ"

Du côté de Greenpeace, l'opération du Bugey vise plus spécifiquement la question de la sécurité des centrales. "A quatre jours du second tour de l'élection présidentielle, Greenpeace interpelle les deux candidats finalistes, afin qu'ils s'engagent à lancer une analyse approfondie des risques d'agressions extérieures d'origine humaine sur les centrales nucléaires, dont la chute d'avion fait partie", explique l'organisation. "La chute d'un avion de ligne sur une centrale nucléaire, jugée peu probable par les autorités de contrôle, n'a jamais été prise en compte ni dans la conception, ni durant l'exploitation de nos installations", continue Greenpeace.

Le directeur de la centrale du Bugey, Alain Litaudon, estime cependant que "Greenpeace n'a rien démontré" en termes de failles mais, au contraire, montré que le "dispositif de protection est efficace". "L'interpellation a eu lieu en huit minutes" après la détection, a-t-il souligné. Le sous-préfet de l'Ain, Emmanuel Dupuis, a renchéri : cet épisode "a montré une excellente réactivité des services, et une parfaite coordination entre l'exploitant, EDF, et les forces de gendarmerie", selon lui. Le ministère de l'industrie s'est lui aussi félicité : les installations nucléaires en France n'ont pas "un seul instant" été mises en danger et les plans de sécurité "ont été efficaces", a affirmé Bercy dans un communiqué.

"DES FAILLES BÉANTES DANS LE SYSTÈME DE SÉCURITÉ"

"Après Tchernobyl, Fukushima, et aujourd'hui Greenpeace, la preuve est apportée qu'il y a des failles béantes dans le système de sécurité des centrales nucléaires et qu'elles sont donc très vulnérables", a réagi le député-maire de Bègles (Gironde) Noël Mamère, regrettant que "la question nucléaire a[it] été ignorée" lors de "la campagne présidentielle". Après les deux intrusions mercredi 2 mai, "on est en droit de s'inquiéter quant aux risques que le nucléaire fait courir aux populations", a insisté le député-maire de Bègles, rappelant que lors des stress tests effectués en 2011 sur les centrales nucléaires "une attaque terroriste n'a jamais été envisagée, notamment avec un avion".

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Sur la question du nucléaire, les positions des candidats divergent. François Hollande souhaite une diminution de la part du nucléaire dans la production électrique française pour qu'elle soit abaissée à 50 % en 2025, contre 75 % aujourd'hui. Le candidat socialiste souhaite également la fermeture de la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, contrairement à Nicolas Sarkozy, le président-candidat de l'UMP, qui souhaite en outre maintenir la part du nucléaire dans la production électrique et met en avant l'"indépendance énergétique de la France".

En décembre 2011, déjà, des militants de Greenpeace, qui voulait illustrer les failles de la sécurité des installations nucléaires, avaient réussi à s'introduire dans les centrales de Nogent-sur-Seine (Aube) et de Cruas (Ardèche).

Le Monde avec AFP

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