Il fait une entrée timide dans les rayons des supermarchés. Trois mois après la signature d’un arrêté ministériel, le 31 octobre 2017, et après l’aval de la Commission européenne, trente-trois entreprises de l’agroalimentaire et de la grande distribution ont annoncé, jeudi 15 février, leur engagement à mettre le Nutri-Score sur leurs produits. Si cela reste facultatif, plusieurs sociétés ont déjà commencé à l’adopter : Danone, Bonduelle, McCain, Fleury-Michon, Auchan, Casino, Intermarché, Leclerc et d’autres.
Recommandé par l’Etat et la communauté scientifique, le Nutri-Score est apposé sur la face avant des emballages. Il permet d’évaluer, à l’aide d’une échelle de couleurs et de lettres allant de A à E, les qualités nutritionnelles des produits manufacturés (céréales, pizzas, biscuits, desserts lactés, plats cuisinés, conserves, etc.), de les comparer et d’identifier le plus équilibré, le moins gras, le moins sucré et le moins salé.
Médecins, représentants du ministère et industriels étaient réunis ce 15 février par Santé publique France, « un moment historique », pour François Bourdillon, directeur général de l’agence sanitaire, qui va lancer en mai une campagne télévisée et mettre à disposition des outils sur son site. Le feuilleton dure depuis des années. Le professeur Serge Hercberg, qui préside le Programme national nutrition santé (PNNS), a remis il y a quatre ans à l’ancienne ministre de la santé Marisol Touraine un rapport sur la politique nutritionnelle de santé, dont le logo était l’une des mesures phares. Quatre ans pendant lesquels nombre d’industriels ont combattu une telle mesure.
« Mettre en musique les recommandations nutritionnelles »
Reconnus par l’Organisation mondiale de la santé, qui y a consacré sa revue Panorama en décembre 2017, les bienfaits de Nutri-Score sur la santé ont été validés scientifiquement par plus d’une vingtaine de publications internationales. Jérôme Salomon, nouveau directeur général de la santé, a rappelé que l’alimentation représentait l’un des piliers majeurs de la prévention pour améliorer la santé et faire reculer les maladies chroniques, dont l’obésité, qui touche 7 millions de personnes en France.
Pour Serge Hercberg, le Nutri-Score « permet au consommateur de mettre en musique les recommandations nutritionnelles », à savoir manger moins gras, moins sucré, moins salé… Un outil utile car il est difficile, voire impossible, de décrypter les étiquettes des aliments. En revanche, il ne prend pas en compte le degré de transformation des aliments, dont l’étude Nutrinet-Santé, pilotée, elle aussi, par Serge Hercberg, vient de mettre en évidence un lien avec le risque de développer un cancer.
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