La Belgique sera bientôt privée de 2/3 de sa production d'énergie nucléaire

Incident du réacteur Doel 4: la piste terroriste n'est plus exclue

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Par Julien Vlassenbroeck

Le réacteur est à l'arrêt depuis l'incident qui a touché la turbine à vapeur dans la partie non-nucléaire de la centrale. 65 000 litres d'huile de la turbine se sont écoulés vers un réservoir souterrain destiné à récupérer cette huile en cas d'incendie. Manquant de lubrifiant après cette manœuvre, la turbine a surchauffé et s'est automatiquement arrêtée, suivant les procédures prévues.

Electrabel évoque "des dégâts importants à hauteur de la turbine à haute pression". La société est incapable de donner une date pour le redémarrage.

L'acte de sabotage a très vite été envisagé.

Vendredi dernier, l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) et le parquet de Termonde ont chacun ouvert une enquête sur l'arrêt inattendu de la centrale. L'AFCN a rapidement conclu à une manœuvre délibérée.

L'enquête est désormais menée par le parquet fédéral. Plusieurs médias ont suggéré une piste de menace terroriste, mais le parquet estime qu'il s'agit d'une conclusion hâtive. "Différentes pistes sont toujours étudiées", indique le porte-parole.

Moitié d'énergie nucléaire en moins

Doel 4 a une capacité maximale de 1039 MW sur un total de 2911 MW à Doel, et près de 6000 MW avec les centrales de Tihange. En mars dernier, deux autres réacteurs de ce parc, Doel 3 et Tihange 2, avaient été mis à l'arrêt. Ils devraient le rester sans doute jusqu'à la fin de l'année, avec à la clé, une réduction de la capacité globale de production d'électricité en Belgique. Ces deux centrales avaient ensemble une capacité de 2000 MW.

Nous serons privés de 68% de notre énergie nucléaire

Au total, la moitié de la production électrique nucléaire est hors circuit, ce qui renforce la crainte d'un risque de black out pendant l'hiver qui vient.

De plus, Tihange 1, avec sa capacité de 900 MW, fermera dans une semaine pour son entretien décennal. Et là, il ne restera plus que 1912 MW d'électricité produites par les centrales nucléaires. Nous serons alors privés de 68% de notre énergie nucléaire, un tiers de toute l'électricité belge...

La période à risque débute fin octobre

Elia, le gestionnaire du réseau haute-tension, a qualifié la situation de "sérieuse". "A court terme, nous ne prévoyons pas de problèmes", a expliqué Barbara Verhaegen. Mais, un temps plus froid pourrait causer une pénurie d'électricité. "Des problèmes menacent à partir de la fin octobre, début novembre", a-t-elle ajouté.

Si la situation est prise au sérieux, ce n'est pas un sentiment de panique qui prévaut chez le gestionnaire du réseau haute tension. "Elia va se concerter avec les différentes autorités impliquées sur les étapes à venir", a encore souligné Barbara Verhaegen. Selon elle, certaines mesures peuvent être prises pour optimaliser le réseau, "par exemple en retardant des entretiens".

"Attendons de voir ce qu'il va advenir de Doel 3 et de Tihange 2", a-t-elle poursuivi. Une nouvelle évaluation doit être effectuée en automne.

Une extension du parc de production belge n'est pas possible à court terme, selon Elia. On travaille toutefois à élaborer une réserve stratégique qui ne pourra pas être utilisée avant le 1er novembre. "Il s'agit de 850 MW", a indiqué la porte-parole.

Une sensibilisation du public pourrait aussi faire partie des mesures mises en place pour faire baisser la consommation électrique. En cas extrême, un plan de délestage pourrait aussi être appliqué. Mais Elia n'a donné aucun détail sur ce type de mesure "qui relève du gouvernement".

Catherine Fonck : "La situation va se compliquer"

Et le gouvernement réagit. "N'importe quel pays serait en difficulté dans ce genre de circonstances", a souligné la secrétaire d'Etat à l'Energie Catherine Fonck, précisant que "si un risque en matière de sécurité d'approvisionnement existe pour cet hiver, ce n'est pas la conséquence de l'absence de politique énergétique du gouvernement actuel mais bien la conjonction de deux éléments majeurs et imprévisibles".

Selon Catherine Fonck, "jamais autant n'a été fait par un gouvernement en termes de plan d'urgence électricité: mise en place d'une réserve stratégique, mise en place d'un monitoring et d'une procédure en cas de risque de pénurie, élaboration d'un plan de mesures de réduction de la demande et planification du délestage". Elle a fait observer que ce travail est reconnu par l'AIE ( Agence Internationale de l'Energie) qui souligne dans son 'review' de ce mois de juin 2014 que la Belgique a développé tout un dispositif de planification d'urgence.

Ce point de vue n'est pas partagé par l'opposition écologiste qui exige une réunion des Commissions ad hoc de la Chambre.

RTBF avec Belga

 

Fermeture de Doel 4: les conséquences sur l'approvisionnement en électricité

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