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Jean-François Delfraissy a-t-il dit que le pass sanitaire ne protège pas ?

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
«Est-ce que le pass protège réellement ? Vous avez la réponse. La réponse est non», a répondu le président du Conseil scientifique lors d’une audition au Sénat.
par Emma Donada
publié le 9 décembre 2021 à 18h31
Question posée par André, le 9 décembre.

Bonjour,

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy était auditionné au Sénat sur la situation sanitaire, mardi 8 décembre. Il a notamment été interrogé par la présidente de la commission des affaires sociales, la sénatrice LR Catherine Deroche, sur l’intérêt du pass sanitaire, «maintenant que l’on sait que les personnes vaccinées contaminent». «Est-ce que le pass protège réellement ? Vous avez la réponse. La réponse est non», a répondu le professeur d’un ton rieur. Ces propos ont largement été partagés sur les réseaux sociaux.

Cette déclaration, toutefois, ne signifie pas que le professeur Delfraissy défend l’abandon du pass, puisqu’il lui reconnaît un effet vertueux dans l’incitation à la vaccination. «Le pass a eu un rôle majeur et je pense qu’il continue à l’avoir pour pousser à la vaccination. C’est pour cela qu’on l’avait recommandé […] Donc, on en a besoin un peu […] puisque la vaccination est en cours, nous n’avons pas terminé le job sur la troisième dose. Est-ce que le pass protège réellement ? Vous avez la réponse. La réponse est non. Il y a des limites puisqu’on peut être vaccinés et être porteur du virus. Donc il a ses limites. Est-ce que c’est le moment de changer le pass ? Probablement ce n’est pas le moment de changer les règles. On est en pleine cinquième vague, il faut s’appuyer sur ce qui a été… et dont on voit les limites. Et on rediscutera de tout ça après», a-t-il déclaré.

«Le pass sanitaire réduit le risque de contamination sans l’éliminer»

Lors d’un précédent article de CheckNews sur la pertinence du pass sanitaire, nous rappelions que le Conseil scientifique avait déjà pointé les limites de celui-ci au moment de sa mise en place. «Dans les conditions actuelles d’obtention du pass sanitaire, celui-ci ne saurait être à lui seul le garant de l’absence de contamination entre les personnes qui se retrouvent dans un lieu où celui-ci est exigé, et ne doit pas être compris ni mis en œuvre comme une protection absolue contre la contamination. Renforcer le contrôle du respect du pass sanitaire, voire chercher à atteindre son respect absolu pourrait faussement faire croire à ses utilisateurs qu’ils sont totalement protégés et nous paraît devoir être évité. Le Conseil scientifique privilégie un message sanitaire que “le pass sanitaire réduit le risque de contamination sans l’éliminer et qu’il convient de respecter le plus possible les gestes barrières même dans les lieux sous pass sanitaire, en particulier pour les personnes les plus à risque”», estimait ainsi le Conseil dans son avis du 20 août actualisé cinq jours plus tard.

En revanche, dans l’avis, le Conseil scientifique n’indiquait pas que l’objectif du pass était d’inciter à la vaccination. Et ce, contrairement au gouvernement qui avait décidé d’aller à l’encontre de l’avis du Conseil d’Etat du 19 juillet. Les juges avaient souligné que «l’application du pass sanitaire à chacune des activités pour lesquelles il est envisagé de l’appliquer doit être justifiée par l’intérêt spécifique de la mesure pour limiter la propagation de l’épidémie, au vu des critères mentionnés précédemment et non par un objectif qui consisterait à inciter les personnes concernées à se faire vacciner». Comme nous l’expliquions dans une réponse précédente, cet avis qui reste consultatif ne s’impose pas à l’exécutif.

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