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Explosion des cas de Covid: les riches Chinois se précipitent à Macao pour obtenir des vaccins ARN

Le vaccin ARN Messager que de nombreux Chinois vont se faire injecter à Macao.

Le vaccin ARN Messager que de nombreux Chinois vont se faire injecter à Macao. - Christof Stache

Poussés par l'explosion des contaminations et les défaillances des vaccins nationaux, de nombreux Chinois font le voyage jusqu'à la région administrative spéciale de Macao pour y recevoir un vaccin fondé sur la technologie de l'ARN Messager. Mais la démarche est coûteuse.

Depuis son surgissement il y a trois ans environ, le Covid-19 n'en finit plus de bousculer le quotidien de la planète. Dans la Chine qui a vu naître le virus, la pandémie prend même l'allure d'un interminable cauchemar.

Pour tenter d'un sortir, et alors que la maladie connaît un nouvel essor depuis que le régime a été contraint d'assouplir sa politique sanitaire devant la protestation populaire, de nombreux Chinois jouent leur va-tout. Ils se déplacent jusqu'à la ville de Macao afin d'y bénéficier d'un vaccin anti-Covid-19 fondé sur la technologie de l'ARN Messager, réputé plus efficace que les vaccins nationaux. Ceux qui en ont les moyens en tout cas. Car, comme le remarque la presse internationale qui a relevé le phénomène cette semaine, la démarche est aussi difficile qu'onéreuse.

Parer au plus pressé

Pour mieux comprendre cet exode médical, il faut revenir au contexte chinois immédiat. Accablée par une stratégie sanitaire particulièrement drastique - claquemurant résidences, quartiers et agglomérations à chaque alerte - et gagnée par un ras-le-bol de plus en plus virulent s'exprimant dans des manifestations à la tonalité dangereusement politique pour les autorités communistes, la population chinoise a obtenu début décembre la fin du "zéro Covid".

Problème: dans un pays où la vaccination présente quelques défaillances, en termes de couverture de la patientèle comme d'efficacité, cette ère de liberté - ou ce relâchement selon les avis - s'est vite transformée en bombe virologique. Si la mise au ban de la politique "zéro Covid" a entraîné la fin des dépistages obligatoires, nous privant de données fiables sur les contaminations locales, des éléments inquiétants semblent indiquer que le Chine fait actuellement face à une flambée inédite du virus. Ainsi, d'après un sondage conduit par la revue The Beijinger auprès de 3000 expatriés et reprise notamment par Le Monde, 58% du panel dit avoir contracté le virus entre le 1er et le 15 décembre (date de publication de l'enquête).

Il n'y a pas lieu de s'en étonner tant la vaccination patine dans la République populaire. Certes, les statistiques officielles, livrées au printemps dernier par L'Express, brossent le tableau d'une population inoculée à hauteur de 88% dont 51% ayant reçu leurs trois doses. Toutefois, le bât blesse, et largement, en ce qui concerne ses segments les plus vulnérables. D'après des chiffres avancés lundi par le Financial Times, sur les 267 millions de Chinois âgés de 60 ans et plus, ils étaient 85 millions à ne pas avoir reçu leur troisième dose. Pire, le taux de ces séniors démunis de ce rappel atteint 60% parmis les 80 ans et plus.

Désamour autour des vaccins chinois

L'opacité entretenue autour des vaccins chinois - le gouvernement chinois n'autorisant l'injection que des produits Sinovac et Sinopharm, solutions locales élaborées autour de la technique vaccinale classique dite du "vaccin désactivé" - et leur efficacité moindre par rapport à certains de leurs contrepoints occidentaux expliquent ce désaveu.

Ainsi, d'après l'OMS, le vaccin Sinopharm n'est efficace qu'à 79% contre les formes symptomatiques, tandis que, de même source, il apparaît que le Sinovac ne protège qu'à 51% contre ce même Covid à symptômes. C'est d'autant moins satisfaisant que l'efficacité du vaccin Pfizer - BioNTech à ARN Messager dépasse pour sa part les 95%. Et selon cette étude du Lancet, le risque de subir une mouture carabinée du Covid-19 est deux fois plus important avec trois doses de l'un des deux vaccins chinois qu'avec trois doses de ce dernier.

Or, c'est cette piqûre ARN que Macao - ancienne colonie portugaise rattachée à la Chine mais jouissant d'un statut de région administrative spéciale - propose d'administrer.

De 60 à 170 dollars la dose

Moyennant finances cependant. Ainsi, l'hôpital de l'Université des sciences et technologies de Macao, seul établissement de la ville vaccinant les touristes, facture le coup de seringue.

Celui-ci peut varier. A minima, et selon une agent d'assurances locale organisant des séances de vaccination interrogée par le Financial Times, le voyage et le rendez-vous coûteront 60 dollars. Il s'agit là d'une fourchette basse. En effet, un couple de Chinois interviewés par le même journal économique britannique a chiffré son aventure à 170 dollars par dose et par personne.

La douloureuse ne doit pourtant pas l'être tant que ça: le Financial Times remarque encore que l'unique hôpital ouvert à ces patients venus d'ailleurs affiche complet jusqu'à la fin du mois de décembre au moins. Le succès de Macao, qui a levé les restrictions qui pesaient auparavant sur la vaccination des touristes il y a un mois d'après Courrier International, se comprend aisément. Cette ville à l'autonomie relative est le seul endroit où un ressortissant chinois peut se rendre sans se voir imposer une quarantaine à son retour.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV