Jura. Les premières tours antigel installées dans des vignes du sud Revermont

La nature est encore très précoce cette année et dans les vignes, les bourgeons sont déjà sortis. Les viticulteurs, déjà frappés par la crise du coronavirus, craignent le gel.

Les deux premières tours antigel ont fait leur apparition vendredi 20 mars 2020 dans les vignes du sud Revermont.
Les deux premières tours antigel ont fait leur apparition vendredi 20 mars 2020 dans les vignes du sud Revermont. (©Voix du Jura)
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Alors que le risque gélif est très fort dans le Jura, avec des bourgeons bien avancés pour un mois de mars, deux tours antigel ont été installées,  vendredi 20 mars 2020 dans des vignes du sud-Revermont. Ces deux appareils, semblables à des éoliennes, vont protéger deux grandes parcelles en fond de vallée, assez sensibles au gel, où l’on retrouve les cinq appellations de Côte du Jura.

« Ici, nous avons gelé à 90 % en 2017 et à 40 % en 2019 », explique le viticulteur, qui préfère rester discret :

Ces vignes représentent l’avenir du Domaine, il est important de les protéger. On sait que ce n’est pas sûr à 100 %, mais il y en a déjà 500 ou 600 installées dans le Val de Loire et leur efficacité est reconnue. »

Pour brasser l’air et même envoyer de l’air chaud

Ces tours antigel fonctionnant au fioul sont mises en service lorsque le risque est avéré : en brassant l’air, elles renvoient l’air un peu plus chaud en altitude vers le sol et les ceps. En cas de gros froid, elles peuvent aussi, par un brûleur, pulser de l’air chaud. « Si face à un gel à -7 on peut remonter à -2 °C, on peut sauver l’essentiel. » Elles peuvent tourner à 360° et ont été installées de façon à suivre la pente. « Cela représente un gros investissement, mais sur une telle surface, brûler des bougies n’est pas possible non plus : cela représenterait une dépense de 20 000 € par nuit. » Si le vigneron est à peu près sûr de l’utilité de son investissement, « je préférerais ne pas avoir à m’en servir », souligne-t-il.

Deux autres de ces tours antigel seraient installées vers Arbois, ou en passe de l’être.

La nature en avance de trois semaines

Le gel est donc une nouvelle fois un gros sujet d’inquiétude pour les viticulteurs du Jura. Avec la douceur de ces derniers jours, la nature a pris près de trois semaines d’avance et les bourgeons ont déjà passé le stade du coton pour arriver à la pointe verte. Or, si le bourgeon dans le coton peut supporter jusqu’à -8°C, à partir de la première feuille étalée, une température de 0 à -0,5°C suffit à entraîner de gros dégâts. L’an passé, la vigne avait ainsi débourré le 4 avril, tandis que les dernières gelées ont été constatées en mai.

Des commandes annulées

« Quand ça part, tout part, alors si ça gèle, il y aura encore du dégât », résume Nicolas Caire, le président de la Société de viticulture du Jura, inquiet de la précocité des vignes, mais aussi de la conjoncture :

dans les vignes, il y a pas mal de travail, c’est la fin de la taille et des gens finissent de lier, mais la manœuvre manque : par peur du coronavirus, les ouvriers ne viennent pas travailler… Nous avons aussi un problème commercial : plus rien ne sort des caves. Les caveaux sont fermés et ceux qui travaillent essentiellement avec les restaurateurs ne vendent plus rien. La MSA et le Crédit agricole peuvent reporter des échéances, si on ne vend pas, on ne rentre pas d’argent. Ça, plus le risque de gel, plus les mauvaises années antérieures, cela finit par faire beaucoup et nombreux sont ceux qui sont en difficulté. »

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