L'UFC-Que Choisir a dénoncé jeudi une "explosion des factures" d'électricité et demandé un moratoire sur le projet de restructuration d'EDF, dont l'association craint qu'il n'entraîne de nouvelles hausses tarifaires

L'UFC-Que Choisir a dénoncé jeudi une "explosion des factures" d'électricité et demandé un moratoire sur le projet de restructuration d'EDF, dont l'association craint qu'il n'entraîne de nouvelles hausses tarifaires

afp.com/PASCAL PAVANI

Les compteurs s'affolent. Le tarif du gaz augmente de 12,6 % au 1er octobre et le prix de l'électricité devrait connaître une hausse semblable au début de l'année prochaine. L'envolée des prix de l'énergie est une "bombe à retardement", estiment les associations d'aide aux plus démunis, mais aussi les syndicats, qui craignent une explosion de la précarité énergétique. "Avec l'hiver qui approche, on est vraiment très inquiets", confie Marie-Françoise Thull, secrétaire nationale du Secours populaire. "On n'a jamais aidé autant de personnes à payer leurs charges." L'énergie est devenue, après l'alimentation, le deuxième poste d'aide du Secours catholique, précise son chargé de mission Précarité énergétique, François Boulot. Si le gouvernement va limiter la prochaine hausse prévue des prix de l'électricité, qui doit avoir lieu en février 2022, à 4%, que peut faire le consommateur pour limiter la casse ?

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Une meilleure connaissance des aides

Agir contre la précarité énergétique passe par une meilleure connaissance des aides qui existent pour améliorer la qualité des logements et payer les factures, insiste une étude universitaire à l'appui de ce que constatent les acteurs associatifs. Alors que l'envolée des prix de l'énergie pèse sur les ménages, les chercheurs Antoine Rode, Rania El Fahli et Héléna Revil de l'université de Grenoble-Alpes se sont penchés sur les effets de la précarité énergétique dans l'agglomération de Roanne (Loire). Cette étude exploratoire a été menée de mars à juillet 2020 sur cette agglomération de 40 communes et 100 000 habitants, où le taux de pauvreté (14,7%) est dans la moyenne nationale et où 37% des logements datent d'avant 1970.

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Les auteurs, rattachés à l'Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), mettent au jour la forte méconnaissance par les ménages concernés des aides auxquelles ils pourraient prétendre : 78% des enquêtés ne connaissent pas les aides financières de rénovation thermique (crédit d'impôt, prime Renov) et 38% ne connaissent pas celles pour alléger les charges d'énergie (Fonds solidarité logement, chèque énergie). Parmi les autres dispositifs qui existent, il y a le chèque énergie (mentionné ci-dessous).

Dans un communiqué datant du 28 septembre, Engie dit vouloir se mobiliser pour ses clients au tarif réglementé directement impactés par cette hausse. Ainsi, le fournisseur affirme qu'ils pourront bénéficier "d'étalements de paiement des factures, en fonction de la situation de chacun." Par ailleurs, la Direction du Tarif Réglementé d'ENGIE invite également ses clients mensualisés à revoir leurs mensualités afin d'éviter de faire face à une facture de régularisation trop importante. Une communication en ce sens leur sera adressée au cours du mois d'octobre. Les personnes ayant besoin d'assistance peuvent être accompagnées dans leurs démarches en appelant le 34 60.

Le non-recours au chèque énergie

Le chèque énergie a remplacé en 2018 les tarifs sociaux du gaz et de l'électricité. Il est versé sous condition de ressources pour aider 5,8 millions de ménages modestes. Son montant moyen est de 148 euros par ménage. Un chèque exceptionnel de 100 euros sera alloué en décembre pour faire face à l'augmentation actuelle des prix de l'énergie. Le Premier ministre Jean Castex a ouvert la porte jeudi à un geste supplémentaire, si les mesures de modération des prix décidées par le gouvernement ne suffisaient pas.

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Cependant, les chercheurs grenoblois notent que le chèque énergie fait l'objet d'un non-recours au sujet duquel la Cour des comptes a déjà interpellé les pouvoirs publics : en 2019, 25% des ménages ayant reçu ce chèque ne l'avaient pas utilisé. "Non-réception du chèque (par exemple liée à un changement d'adresse), incompréhension sur la manière de l'utiliser, perte ou refus de l'utiliser (du côté des ménages et des fournisseurs d'énergie)" sont les explications avancées. Ce constat est partagé par les associations d'aide aux plus démunis. "Ça fait quatre ans que ce pourcentage ne diminue pas", se désole François Boulot, chargé de mission sur la précarité énergétique au sein du Secours catholique, qui souligne que le courrier d'envoi du chèque énergie fait sept pages d'explications...

Changer de fournisseur

Le constat est clair : peu de consommateurs prennent connaissance de toutes les offres de contrat disponibles sur le marché. Depuis 2007, les marchés de l'électricité et du gaz sont ouverts à la concurrence. Dès lors, EDF et Engie (ex-GDF) ne sont plus les seuls à se partager le marché. Il existe une quarantaine de fournisseurs nationaux de gaz ou d'électricité. Pourtant, il est possible de changer de contrat ou de fournisseur autant de fois que vous le voulez. Il n'existe pas de période minimum d'engagement et il est aussi possible de revenir chez votre ancien fournisseur quand vous le souhaitez. Dans Le Monde, Caroline Keller, chef du service information et communication du médiateur national pour l'énergie, explique que changer de fournisseur peut permettre de faire baisser sa facture de "16% par an pour le gaz."

Selon la Commission de régulation de l'énergie, il faut regarder ce qui correspond le plus à ses besoins en énergie. Pour comparer les différentes offres d'électricité et de gaz naturel, il est possible de se rendre sur le comparateur d'offres Energies-Info - qui est indépendant. Le site de l'UFC-Que choisir a aussi le sien. A noter que les différents fournisseurs peuvent mettre à la disposition des personnes qui le souhaitent des fiches pratiques ou une par téléphone. Aussi, une offre à tarif fixe peut être une bonne idée pour éviter les futures hausses, à condition de bien regarder en détail l'offre proposée et de s'assurer qu'elle convienne à vos besoins énergétiques.

Des petits gestes à adopter

Alors que les chauffages s'apprêtent à tourner à plein régime, il est possible de faire dégonfler sa facture avec quelques gestes simples. Tout d'abord, le mieux est d'éteindre les appareils en veille. Selon l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, les éteindre peut permettre d'économiser jusqu'à 10% de la facture d'électricité (hors chauffages). Autre coup de pouce pour alléger l'addition : remplacer les ampoules halogènes par des LED. Leurs avantages ? Elles durent plus longtemps que les halogènes et consomment bien moins.

Pour réduire sa consommation d'électricité, il est aussi conseillé de privilégier le mode éco du lave-linge, de nettoyer régulièrement son réfrigérateur afin d'éviter la formation de givre ou encore d'utiliser un couvercle pour une cuisson plus rapide (quatre fois moins d'électricité ou de gaz consommé). Et pour le gaz ? Pensez à dépoussiérer vos radiateurs et à aérer votre logement. En effet, cela fera baisser le taux d'humidité dans votre pièce et votre logement sera plus facile à chauffer.

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