Coronavirus : Non, l’institut Pasteur n’a pas prouvé l’efficacité de l’Ivermectine chez l’homme
FAKE OFF•Des internautes interprètent à tort une publication de l’institut Pasteur comme une reconnaissance de l’efficacité de l’Ivermectine contre le Covid-19 chez l’hommeAlexis Orsini
L'essentiel
- Nombre d’internautes y voient une « bombe » scientifique, lâchée en plein milieu de l’été : la prétendue reconnaissance, par l’institut Pasteur, de l’efficacité de l’Ivermectine dans le traitement du Covid-19 chez l’homme.
- A en croire les défenseurs de ce médicament antiparasitaire bon marché, une étude récemment publiée par l’institut français prouverait enfin son utilité.
- Or, les recherches en question montrent simplement un effet minime sur les symptômes de la maladie sur un modèle animal.
Pour les défenseurs de l'Ivermectine, ce médicament antiparasitaire aux prétendus effets bénéfiques contre le Covid-19, l’été 2021 a été marqué par une véritable consécration : la reconnaissance, par l'institut Pasteur, de son efficacité.
« L’institut Pasteur vient de valider l’Ivermectine pour guérir du Covid… Cela fait des mois qu’on empêche ce traitement peu coûteux pour favoriser les vaccins avec effets secondaires et coûteux… Réveillez-vous les Français… », s’enthousiasme ainsi un internaute parmi d’autres, quand une chaîne de mails affirme pour sa part : « Excellente nouvelle. L’institut Pasteur reconnaît l’efficacité de l’Ivermectine. Une seule prise pourrait chez certaines personnes éradiquer tous le matériel génétique du SARS Covid-19 (sic) ».
Or, si l’institut français a bien publié, le 12 juillet, un article intitulé L’Ivermectine atténue les symptômes [du] Covid-19 dans un modèle animal, ce résumé de l’étude menée par ses chercheurs ne fait que reconnaître certaines vertus limitées de l’antiparasitaire chez… des hamsters.
FAKE OFF
Une simple lecture de l’article en question permet de constater que l’institut n’a jamais clamé que l’Ivermectine permettrait de guérir le Covid-19 chez l’homme.
« Des chercheuses et chercheurs de l’Institut Pasteur ont étudié en laboratoire l’impact d’une molécule, l’ivermectine, sur les symptômes cliniques de la Covid-19 dans un modèle animal. […] [Ils] ont montré que la prise de ce médicament à des doses standards permet de réduire dans un modèle animal les symptômes et la gravité de l’infection au SARS-CoV-2 », explique ainsi l’un des premiers paragraphes.
Juste avant une précision de taille : « Les résultats de l’étude dévoilent que l’ivermectine agit sur la modulation de la réponse immunitaire sur les modèles animaux infectés par le SARS-CoV-2 et permet ainsi de diminuer l’inflammation au niveau des voies respiratoires. Cet effet immunomodulateur participe à la réduction de l’apparition des symptômes de la maladie. Les chercheurs ont également montré que la molécule réduit le risque de perte d’odorat. Toutefois, ils ont observé que le traitement à l’ivermectine n’agit pas sur la réplication virale du SARS-CoV-2. »
Pas d’impact sur la réplication du virus
Et l’un des auteurs de l’étude, Guilherme Dias de Melo, d’expliquer : « De manière surprenante, nous avons observé que le traitement à l’ivermectine n’a pas limité la réplication virale, les modèles traités et non traités présentaient des quantités similaires de charge virale dans la cavité nasale et dans les poumons. Nos résultats révèlent que l’ivermectine possède un effet immunomodulateur et non antiviral. »
Pour l’institut Pasteur, ce médicament – dont l'OMS a déconseillé l'usage contre le Covid-19 en mars dernier – pourrait donc potentiellement, après validation par des essais cliniques chez l’homme, « [soulager] l’inflammation et les symptômes » du Covid-19 sans pour autant avoir d'« impact sur la réplication du SARS-CoV-2 ».
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