FAKE OFFOui, l’armée française a bien commandé de la chloroquine « par précaution »

Coronavirus : Oui, l’armée française a bien commandé de la chloroquine « par précaution »

FAKE OFFPour de nombreux internautes, une vidéo censée montrer une livraison de chloroquine à l'armée française prouverait l'efficacité du traitement contre le Covid-19 prôné par Didier Raoult
Des comprimés d’hydroxychloroquine.
Des comprimés d’hydroxychloroquine. -  John Locher/AP/SIPA
Alexis Orsini

Alexis Orsini

L'essentiel

  • Sur Twitter comme sur Facebook, une vidéo montrant des barils en cours de livraison est très partagée.
  • Le vidéaste filmant la scène affirme qu'il s'agit de 70 kilos de chloroquine à destination de la Pharmacie centrale des armées, et que cela prouverait l'efficacité du traitement contre le Covid-19 mis en avant par le professeur Didier Raoult.
  • L'armée française confirme à 20 Minutes avoir commandé de la chloroquine mais précise qu'il s'agit d'« un achat de précaution si jamais la chloroquine était validée par les autorités de santé comme étant utile pour lutter contre le Covid-19 ».

L’armée française (qui dénombre au moins 1.500 cas de coronavirus) vient-elle d’apporter la preuve de l’efficacité du traitement controversé du docteur Didier Raoult consistant à traiter le Covid-19 avec de l’hydroxychloroquine ?

C’est ce qu’affirment de nombreux internautes qui partagent la même vidéo, toujours accompagnée d’un message similaire : « Chloroquine + masques = pour l’armée !!! Je pensais que cela était inefficace… Macron nous mentirait-il ?? YES OF COURSE », « Voilà une commande de la chloroquine destinée à l’armée où sont les critiqueurs de Didier Raoult ? », « Pourquoi dénigrer la chloroquine et [le] protocole Raoult alors que l’on soigne l’armée avec ? ».

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Sur les images en question, on distingue clairement plusieurs barils portant la mention « Chloroquine phosphate » tandis que l’homme filmant la séquence affirme : « 70 kilos de barils de chloroquine, soi-disant Raoult, là, c’est un gourou, on le fait passer pour je sais pas quoi ! »

« Et ça va où tout ça ? Pharmacie centrale des armées ! On soigne les militaires ! Alors c’est bizarre, c’est bizarre tout ça ! », poursuit-il en montrant l’adresse indiquée sur la fiche de livraison de cette commande. La vidéo suscite en tout cas de vifs débats sur les réseaux sociaux, certains internautes affirmant que cette commande de choloroquine, si elle était avérée, viserait en réalité à fournir des traitements antipaludisme aux militaires déployés à l’étranger.



FAKE OFF

L’entreprise en charge de la livraison dont on aperçoit le nom dans la vidéo n’avait pas donné suite à nos sollicitations avant la parution de cet article. En revanche, le ministère des Armées, sans revenir sur la vidéo en elle-même, indique à 20 Minutes « avoir réalisé, dans le contexte de forte tension d’approvisionnement de matière pharmaceutique, un achat de précaution si jamais la chloroquine était validée par les autorités de santé comme étant utile pour lutter contre le Covid-19. »

« Il s’agit de sels de chloroquine, ce n’est pas de l’hydroxychloroquine telle quelle mais ils permettent de fabriquer une solution injectable d’hydroxychloroquine », poursuit le Ministère des armées, dont la pharmacie centrale des armées a justement pour rôle « de concevoir et de produire des médicaments, des antidotes et autres traitements adaptés aux risques auxquels pourraient être exposés les militaires », comme on peut le lire sur son site.

De nombreux essais cliniques en cours

Si la chloroquine et l’hydroxychloroquine sont souvent confondues, les deux molécules, bien que semblables, ne sont pas identiques. « La chloroquine est utilisée contre le paludisme, on la retrouve dans [le médicament] Nivaquine, ce n’est pas la même chose que l’hydroxychloroquine évoquée dans le protocole de Didier Raoult », nous confirme Mathieu Molimard, pharmacologue et pneumologue, membre du conseil scientifique du site de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT).

L’hydroxychloroquine – que l’on retrouve dans le médicament Plaquenil – est quant à elle un dérivé de la chloroquine. « Ce sont deux molécules qui se ressemblent beaucoup, qui ont le même mode d’action, mais qui n’ont pas tout à fait le même profil de sécurité d’utilisation », expliquait le virologue Bruno Lina le 23 mars dernier.

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Et c’est bien l’hydroxychloroquine qui fait actuellement l’objet de 18 des 31 essais cliniques actuellement en cours en France – et d’une étude à l’échelle européenne sous le nom de Discovery –, dont l’efficacité contre le Covid-19 n’a par définition pas encore été prouvée (mais suscite de vifs débats dans le milieu médical et pharmacologique).

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