Potus et le virus

Publicité

Le populisme est-il soluble dans la réalité ? Sophia Aram aurait tendance, vus les derniers mois, à répondre "oui".

Mars 2020, Didier Raoult, inventeur du populisme scientifique et d’un traitement miracle de la Covid dont le taux de réussite est équivalent à celui de l’eau bénite sur le cancer de la prostate, déclarait ceci :

"Paradoxalement la chose la plus intelligente qui ait été dite c’est par Trump qui a dit écoutez au printemps ça va disparaître"

Publicité

Qu’un populiste cite un autre populiste, quoi de plus normal me direz-vous ? 

Sauf que là… Donald Trump a contracté en octobre, un virus dont il annonçait lui-même la disparition en avril.

Ce qui pose une question : 

Le populisme est-il soluble dans la réalité ?

A priori, suite à cet épisode, on aurait tendance à dire : - oui. 

Oui, on ne peut pas indéfiniment braver la réalité au profit d’élucubrations populistes. 

Vous pouvez nier la pandémie, prédire la disparition du virus, moquer ceux qui portent des masques, vanter les mérites de la chloroquine, de l'eau de javel ou des UV… Mais voilà, ça peut se terminer dans un hôpital militaire, soigné à coup de Remdezevir. 

Le populisme serait donc soluble dans la réalité comme autant de petites théories fumeuses et de points de vue arbitraires finiraient toujours à un moment ou à un autre par s’écraser sur le mur des faits et disparaître à jamais.

Ce serait rassurant si en retour les idées populistes étaient sans effets sur le monde réel. 

A l’heure où je vous parle, des supporters de Trump, sans masques, sont en train de prier pour le rétablissement d’un type qui ne portait pas de masques, en continuant de croire en la supériorité de la prière sur le masque. La réalité peut faire ce qu’elle veut de Trump, vous ne leur ôterez pas ce qu’il leur a collé dans le crâne. 

Depuis que Trump est tombé malade en transformant la Maison Blanche en cluster, vous n’imaginez pas le nombre de clusters que ses supporters organisent en soutien à celui qui les a encouragés à ne pas porter de masques… 

Ce qui prouve que, bien que les idées populistes soient aussi malicieuses et éphémères qu’un pet sur une toile cirée, elles n’en ont pas moins la capacité d’obtenir durablement quelques désastres dans le monde réel.

Quand on regarde les images de la petite sauterie organisée par Trump dans le Rose Garden de la Maison blanche en ayant en tête la liste des personnes infectées, on mesure l’impact concret du populisme sur la santé des gens. 

A chaque poignée de main, chaque "hug" on se dit « non pas le gr… » « pas le monsieur en surpoids », « attention pas de câlin », « Nooooon, pas la vieille !!! »

Je sais c’est dramatique et pas très moral. Mais je vous assure qu’en l’espèce c’est la réalité qui est moche. Une réalité totalement pourrie par des idées populistes et aussi débile que : 

Non mais ça va le masque, laissez-nous vivre quoi… On est libre merde… (respiration) On fait ce qu’on veut (Respiration) le virus devait disparaître en avril 

Alors je sais que dans cette campagne, beaucoup se demandent s’il est possible de critiquer, de moquer un homme malade comme on ne frapperait pas un homme à terre. Je répondrais que ce n’est pas nécessaire, tôt ou tard, la réalité finira par le faire pour vous… ou pas. 

L'équipe

pixel