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Météo: on ne peut même plus se fier aux «saints de glace»

Les «saints de glace» ne correspondent pas nécessairement à une baisse anormale des températures et encore moins à des risques accrus de gel. Faudrait-il les renommer?

12 mai 2020, 17:18
Pour correspondre à la réalité climatique, il faudrait déplacer les "saints de glace" au moins d'avril.

Leur nom est solidement ancré dans les croyances populaires. Mamert, Pancrace et Servais: les trois «saints de glace», célébrés du 11 au 13 mai. Selon la tradition, leur arrivée est synonyme d’un retour de gel potentiellement destructeur pour les cultures. Une croyance bien établie, qui ne se vérifie pas dans les statistiques, mais qui sert en revanche de marqueur saisonnier plutôt utile.

Une baisse de température, c’est normal

Selon les régions, les «saints de glace» sont plus que trois. On leur associe Boniface (14 mai), Sophie (15 mai) Yves (19 mai) Bernardin (20 mai) et Urbain (25 mai). «Statistiquement, sur une période de quinze jours, la probabilité d’avoir un coup de froid est très grande», relève Frédéric Glassey, directeur de MeteoNews. «Mais il n’y a pas de constante dans les données. D’ailleurs, les dates ne correspondent que dans un cas sur trois. D’ailleurs, dans un tiers des cas, le mois de mai passe sans refroidissement.»

«Statistiquement, sur une période de quinze jours, la probabilité d’avoir un coup de froid est très grande.»
Frédéric Glassey, directeur de MeteoNews

«On peut observer des baisses de température considérables jusqu’à la fin mai, mais rarement pile pendant les «saints de glace», confirme Daniel Masotti, fondateur du site meteo-assistance.ch.

Des explications erronées perdurent

Mais pourquoi le mois de mai connaît-il de tels écarts de température? «Quand j’ai étudié la météorologie à Météo France, on nous expliquait que, durant son trajet autour du Soleil, la Terre entre à cette période dans une zone où il y a davantage de débris météoriques. Ce qui voilerait le rayonnement solaire», raconte Daniel Masotti. Une théorie qui est d’ailleurs encore largement partagée, notamment sur internet.

Pourtant, Frédéric Glassey écarte d’emblée cette hypothèse. «Cela voudrait dire que l’on pourrait observer une baisse de température sous d’autres latitudes, ce qui n’est pas le cas. Le printemps est une saison où les sauts de température sont normaux. Le contraste thermique entre les régions polaires encore froides et les régions subtropicales déjà bien chaudes est alors très important.»

En mai, le gel est rare

Selon les mesures effectuées depuis 1965 par Meteosuisse à Payerne, rien ne permet d’affirmer qu’il gèle plus souvent durant la période des «saints de glace». Il est même plutôt rare que de la gelée se forme au mois de mai (une fois en moyenne par année).

«Au mois de mai, la vigne est assez grande pour résister à un coup de froid.»
Pierre-Antoine Héritier, président de la Fédération valaisanne des vignerons

Le Valais ne fait pas exception. Ce d’autant plus que la température ne descend quasiment jamais en dessous de 2 °C à cette période, selon les relevés effectués par MetetoSuisse à Sion ces vingt dernières années.

Et les quelques cristaux qui apparaissent sur certaines parcelles sont beaucoup moins redoutés en mai qu’en avril. «A cette période, la vigne est assez grande pour résister», relève Pierre-Antoine Héritier, président de la Fédération valaisanne des vignerons.

«En dix ans, je n’ai jamais eu connaissance de problèmes liés au gel au mois de mai», confirme Olivier Borgeat, secrétaire général de l’Interprofession des fruits et légumes du Valais.

A lire aussi: Gel: le Valais tire un premier bilan catastrophique de ses nuits de froid

Un marqueur qui n’est plus très fiable

«Les «saints de glace» représentent un marqueur saisonnier qui indique que, passé cette date, les agriculteurs peuvent respirer. Il n’y a plus véritablement de risque de gelée au-delà», analyse Frédéric Glassey.

Cette croyance populaire est-elle toujours valable avec le réchauffement climatique? «Si l’on voulait adapter les dictons à la réalité météorologique, il faudrait déplacer le curseur à la fin avril.» Il faudrait alors renommer les «saints de glace».

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