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Quatre questions sur le financement des compteurs Linky

Dans un article publié lundi soir, « Le Parisien » affirme que les particuliers commenceront à rembourser dès 2022 le coût des compteurs Linky déployés par Enedis. Le gouvernement, de son côté, assure qu'aucun surcoût n'est à prévoir. Qu'en est-il réellement ? Eléments de réponses.

Les compteurs Linky permettront « d'intégrer les énergies renouvelables ou encore le développement des véhicules électriques, tout en garantissant une continuité de l'alimentation ».
Les compteurs Linky permettront « d'intégrer les énergies renouvelables ou encore le développement des véhicules électriques, tout en garantissant une continuité de l'alimentation ». (HAMILTON/REA)

Par Tifenn Clinkemaillié

Publié le 1 juin 2021 à 19:36Mis à jour le 1 juin 2021 à 19:37

Ils sont reconnaissables à leur couleur verte : les compteurs Linky sont aujourd'hui présents dans 32 millions de foyers français. Fin 2021, 35 millions de compteurs devraient avoir été installés.

Une opération de taille, qui aura nécessité un investissement de près de 6 milliards d'euros. Après la parution de plusieurs articles de presse, le financement de la modernisation du réseau questionne. Qui a avancé l'argent ? Et qui paiera in fine ? Pour quels bénéfices ? Explications.

1. Qu'est-ce que le compteur Linky ?

Linky est le nom du compteur électrique « communicant » développé par Enedis, filiale d'EDF et principal gestionnaire du réseau de distribution d'électricité en France. Cette dernière génération de compteur est installée en France depuis la fin 2015. A terme, Linky permettra de transmettre des informations et de recevoir des ordres à distance. Il a vocation à remplacer l'ensemble des compteurs d'électricité de France d'ici à la fin de l'année.

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Le déploiement des compteurs Linky doit permettre la modernisation du réseau. C'es-à-dire notamment « d'intégrer les énergies renouvelables ou encore le développement des véhicules électriques, tout en garantissant une continuité de l'alimentation », indique Enedis. 

Aujourd'hui, plus de 90 % des foyers français, soit 32 millions, ont déjà un compteur Linky installé. Le coût de l'opération a été fixé par la Cour des comptes à 5,7 milliards d'euros, soit un coût, ramené au compteur, de 130 €.

La polémique porte sur le remboursement de cette somme. Elle incomberait indirectement, selon « Le Parisien », aux particuliers. D'autres titres de presse affirment quant à eux que les ménages utilisant Linky paieront plus cher que les ménages ne disposant pas du boîtier, avec un coût supplémentaire par an qui s'élèverait à 15 euros sur la facture d'électricité. Des affirmations incomplètes, voire fausses.

2. Comment-est-il financé ?

Le mécanisme de financement des compteurs Linky a été fixé en 2014 par la Commission de régulation de l'Energie (CRE). Le principe est simple : les coûts d'investissements sont portés dans leur quasi-totalité par Enedis et seront compensés dans la durée par les économies générées grâce aux nouveaux compteurs. ​

 ​La filiale s'est engagée à prendre à sa charge près de 5,4 milliards d'euros. Pour y parvenir, Enedis puisera dans ses fonds, à hauteur de 10 % du montant, et s'appuiera pour le reste sur un emprunt à la Banque européenne d'investissement.

Ce mécanisme intègre un « différé tarifaire », qui permet de décaler le remboursement de quelques années. Selon « Le Parisien », ce mécanisme permettrait à Enedis de « prélever tous les ans sur les factures des consommateurs ». Au total, ils participeraient au remboursement de près de 2 milliards d'euros d'ici à 2030. En clair, le quotidien affirme que ce n'est pas l'entreprise, mais bien le consommateur qui remboursera la somme.

3. Pourquoi faut-il être prudent ?

Mais la réalité est plus complexe. Enedis est effectivement financé par les usagers. Ils participeront donc au remboursement de l'investissement. Mais le mécanisme du « différé tarifaire » permet de lisser les coûts.

Il a « été mis en place par le régulateur car les économies sont constatées une fois que le déploiement est terminé, alors que les coûts d'investissements sont immédiats », explique Enedis. Cette tarification permet que les coûts « soient répercutés dans les tarifs en même temps que les bénéfices », abonde la CRE.

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Par conséquent, aucun surcoût n'est à prévoir. « Les consommateurs ne paieront pas plus au titre de Linky », a insisté ce mardi la ministre déléguée à la Transition écologique, Emmanuelle Wargon. « Enedis exerce une mission de service public régulée, rémunérée, au travers d'un tarif d'utilisation des réseaux d'électricité, sous le contrôle de la Commission de régulation de l'énergie », a rappelé la ministre.

En décembre dernier, la CRE avait prévenu d'une hausse du futur tarif d'utilisation des réseaux d'électricité, de l'ordre de 15 euros par an pour un particulier à l'horizon 2024. Mais elle attribue cette hausse à l'essor des renouvelables et des voitures électriques, qui s'accompagne de coûts pour le réseau, et non au compteur Linky.

4. Quid des bénéfices ?

Pour des spécialistes du secteur, la vraie question n'est pas de savoir qui paie, mais si les bénéfices sont supérieurs aux coûts. Plusieurs rapports vont dans ce sens. En 2018, la Cour des comptes estimait que la modernisation du dispositif permettrait de « réduire les pertes non techniques », constituées de « l'électricité consommée après le départ de l'occupant d'un logement et avant l'arrivée de l'occupant suivant ». Les compteurs permettront aussi d'automatiser les relevés, et de ne plus envoyer du personnel sur place. Les erreurs de facturation devraient aussi être moins fréquentes. Au total, le gain pourrait s'élever à 1 milliard d'euros sur les quatre prochaines années.

Ce gain se répercutera sur les consommateurs. « Chaque année la CRE fixe une grille tarifaire en fonction de ce qu'Enedis a dépensé. Par construction, si les charges d'Enedis baissent, ce que vont payer les utilisateurs baisse aussi », détaille Julien Teddé, qui dirige le courtier Opéra Energie. « Sur la durée, il n'y a pas de surcoût pour les consommateurs, c'est un investissement avec un bénéfice qui vient après », résume-t-il.

Côté consommateurs, les nouveaux compteurs permettront aussi de suivre plus finement sa consommation et de réaliser des économies. Sur ce point, la Cour des comptes se montrait prudente en 2018. L'instance recommande au groupe Enedis de « définir un plan d'action pour valoriser toutes les potentialités du programme Linky ».

Tifenn Clinkemaillie

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