Une femme portant des sacs de nourriture passe devant des personnes faisant la queue devant un supermarché public pour acheter des produits alimentaires essentiels à Colombo le 3 septembre 2021.

Une femme portant des sacs de nourriture passe devant des personnes faisant la queue devant un supermarché public pour acheter des produits alimentaires essentiels à Colombo le 3 septembre 2021.

AFP

Les rayons des supermarchés sont clairsemés et certains produits restent introuvables. Depuis plusieurs semaines, le Sri-Lanka subit des pénuries de lait en poudre, de kérosène et de gaz de cuisine. Le pays d'Asie a refermé ses frontières et rencontre actuellement des problèmes d'approvisionnement et de distribution de nourriture. Seuls les magasins publics ont ouvert leurs portes en raison d'un confinement national instauré pour lutter contre une flambée de Covid-19. La plupart des commerces privés pratiquent la vente en ligne. "J'étais ici dans la file d'attente pendant environ 45 minutes et je n'ai reçu qu'un kilogramme de sucre", a déclaré Kumaradasa, une personne âgée au micro de la BBC.

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De son côté, le gouvernement sri-lankais nie l'existence des "pénuries alimentaires évoquées par les médias locaux et internationaux". Cependant, le président Gotabaya Rajapaksa a placé, le 31 août, le pays en "état d'urgence alimentaire". Le gouvernement a imposé un prix maximum de 125 roupies (1,44 euro) pour un kilo de sucre et de 95 roupies (un euro) pour un kilo de riz blanc. Les prix du riz, des oignons et des pommes de terre ont également connu de fortes hausses récemment. Mais comment en est-on arrivé là ? Les experts attribuent la crise alimentaire actuelle à une pénurie de devises étrangères, nécessaires pour acquérir des produits d'importation et maintenir les stocks. La pandémie de coronavirus a durement frappé l'activité économique du Sri Lanka qui s'est contractée de 3,6% en 2020 et frappé ses réserves de devises étrangères.

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Dans le but de les économiser, le gouvernement a interdit les importations de nombreux produits non essentiels comme les véhicules, les équipements sanitaires, mais aussi les huiles alimentaires ou encore le curcuma, épice essentielle dans la cuisine locale. Mais cela reste insuffisant. Les importateurs disent ne plus être en mesure de se procurer des dollars nécessaires à l'achat autorisé de certains produits et médicaments. Alors que le pays est dépendant de l'importation de produits agricoles, le prix des produits de base comme le sucre ou les lentilles s'envolent. Par ailleurs, le 30 août, le président Gotabaya Rajapaksa a annoncé des contrôles stricts de l'approvisionnement en biens essentiels. Le gouvernement a déclaré que cela était nécessaire pour empêcher les commerçants d'accumuler des produits alimentaires et contrôler l'inflation.

Le gouvernement sri-lankais nie

Mais le clan Rajapaska - qui détient tous les pouvoirs depuis deux ans - argue que les pénuries de denrées sont artificielles, créées par des commerçants qui spéculent sur les produits de base profitant des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. "Certains commerçants malhonnêtes accumulaient des denrées alimentaires essentielles tels que le paddy, le riz et le sucre en grandes quantités dans l'intention de les vendre à des prix plus élevés", a déclaré le gouvernement dans un communiqué. Selon un officier de l'armée en charge de la constitution de stocks alimentaires, plus de 32 000 tonnes de produits alimentaires ont été découvertes lors de raids effectués mercredi et jeudi dans des entrepôts privés.

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Pourtant, des files d'attente se sont formées devant les supermarchés d'État où du sucre, saisi par les autorités chez des commerçants privés, est vendu à des prix moitié moins chers que ceux qui étaient pratiqués sur le marché libre jeudi." Il n'y a pas de sucre disponible ailleurs", se lamente K. Perumal, 62 ans, dans un magasin du quartier Maligawatte de Colombo, où il attend son quota de deux kilos.""Il y a des petits enfants dans ma famille, nous avons besoin d'environ six kilos de sucre par mois", s'inquiète-t-il auprès de l'AFP, ajoutant n'avoir "pas du tout trouvé de lait". Pour N. Wijeratne aussi, ce quota de deux kilos de sucre ne semble pas suffisant. Par ailleurs, certains experts estiment que l'insécurité alimentaire a augmenté après la décision du chef de l'Etat, en avril, d'interdire l'utilisation de produits chimiques agricoles et d'ordonner aux exploitants de passer à un régime biologique

Ces pénuries surviennent en pleine vague de Covid-19 responsable de 200 victimes par jour dans le pays. En moyenne, l'île de 21,9 millions d'habitants enregistre plus de 4000 contaminations quotidiennes. La troisième vague de l'épidémie a commencé à frapper le pays en avril, à l'occasion des célébrations du Nouvel An. En juin, les premiers cas du variant Delta ont été détectés. Les hôpitaux sont désormais à saturation et l'oxygène manque. L'Inde qui a subi une situation similaire au printemps dernier a envoyé 150 tonnes rapporte Le Monde. Jeudi dernier, les familles Sri-Lankaises sont appelées à retarder leur projet de grossesse en raison de la mort d'une quarantaine de femmes enceintes due au Covid-19 en quatre mois, a déclaré jeudi le ministère de la Santé.

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