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S’ils développent le Covid-19, vaccinés et non-vaccinés ont-ils le même risque de mourir, comme l’affirme Didier Raoult ?

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Les vaccinés qui déclarent un Covid-19 symptomatique ont près de deux fois moins de risques d’être hospitalisés ou de mourir que les non-vaccinés symptomatiques, selon des données britanniques sur plus de 13 000 octogénaires et nonagénaires. Une étude qui contredit une conjecture faite par Didier Raoult à partir de données locales.
par Florian Gouthière
publié le 8 juillet 2021 à 17h24
Question posée le 04/07/2021.

Bonjour,

Nous avons reformulé votre question, qui était : «Lorsqu’un vacciné déclare malgré tout le Covid, son risque d’hospitalisation (de même que son risque de décès) est-il équivalent à celui d’un non-vacciné, comme l’affirme Didier Raoult dans une récente vidéo

Votre question fait référence à une séquence diffusée sur YouTube le 29 juin dans laquelle un membre de l’IHU de Marseille demande au microbiologiste si «les patients vaccinés font le même type d’infection que les patients non vaccinés». La réponse de Didier Raoult est la suivante : «Oui, globalement, sur ce que nous avons nous – 572 patients vaccinés qu’on a analysés – disons, parmi ceux-là, il y a eu 10 % d’hospitalisés (ce qui correspond globalement à ce que nous avons eu durant tous ces épisodes épidémiques), il y en a eu sept qui sont passés en réanimation et huit qui sont morts. Donc on a une mortalité qui est comparable à ce que nous avions chez les gens non vaccinés.» Il précise également que les personnes décédées étaient «très âgées» ou avaient «une espérance de vie très faible».

Passons sur le cas particulier des calculs effectués par Didier Raoult, présentés comme liés aux hospitalisations et décès dans les établissements auxquels il est affilié. En effet, la fréquence de tels événements à l’échelle d’un seul établissement peut être soumise à divers biais (notamment dans l’hypothèse où les patients les plus malades sont orientés vers une structure particulière). Pour répondre à votre question, il est donc nécessaire de comparer le taux d’hospitalisations (et de décès) consécutives aux infections symptomatiques entre vaccinés et non vaccinés, à l’échelle d’un territoire (région ou pays).

A l’échelle de la France, la réponse est difficile à donner, comme nous l’explique un interlocuteur de Santé publique France. «[L’étude] Epi-Phare […] a estimé le risque d’être hospitalisé pour Covid-19 parmi les vaccinés (qui étaient donc symptomatiques). Mais ce risque a été comparé à celui des non-vaccinés, et non des non-vaccinés symptomatiques. Pour pouvoir faire cette comparaison en France, il faudrait fusionner trois bases de données indépendantes : la base des diagnostics (SI-DEP), la base des hospitalisations (SI-VIC) et la base de vaccination (VAC-SI). Un identifiant commun a été généré très récemment qui pourrait permettre une telle analyse dans l’avenir.»

Toutefois, la réponse est déjà disponible pour d’autres territoires, observe Santé publique France. «[De] nombreuses publications internationales [ont] montré que l’efficacité des vaccins Covid-19 était d’autant meilleure que l’on s’intéressait aux formes les plus sévères. Le fait que l’efficacité contre les hospitalisations et les décès soit plus élevée que contre l’ensemble des formes symptomatiques constitue une preuve indirecte que les vaccins réduisent le risque d’hospitalisation et de décès même en cas de survenue de la maladie après vaccination.»

La question posée trouve même une réponse directe dans une vaste étude publiée mi-mai dans le British Medical Journal. Les chercheurs y ont notamment évalué le risque d’hospitalisations et de décès consécutifs à l’apparition des symptômes du Covid-19 chez 13 132 octogénaires et nonagénaires, vaccinés avec Pfizer ou non vaccinés.

Sur la population considérée, les chercheurs ont constaté que «parmi les vaccinés qui présentaient des symptômes» (vaccinés depuis deux semaines au moins avant un premier test positif), le risque de décès dans les trois semaines était divisé par deux par rapport aux non-vaccinés symptomatiques. Le risque d’hospitalisation, lui, apparaissait réduit de 43 % avec Pfizer et de 37 % pour AstraZeneca (1).

Les données britanniques démontrent donc – tout du moins dans la population étudiée – qu’un vacciné déclarant le Covid-19 a un risque d’hospitalisation (de même qu’un risque de décès) très significativement inférieur à celui d’un non-vacciné.

Ceci s’ajoute surtout au fait que la vaccination réduit très fortement le risque de développer un Covid-19 symptomatique. De fait, quand bien même le risque d’hospitalisation chez les personnes symptomatiques aurait été équivalent entre vaccinés et non-vaccinés (comme le suggère Raoult dans sa vidéo), l’intérêt de la vaccination serait resté manifeste puisque le vaccin réduit d’environ 90 % le risque d’être symptomatique.

Affirmation à vérifier

"Lorsqu’un vacciné déclare malgré tout le covid, son risque d’hospitalisation (de même que son risque de décès) est équivalent à celui d’un non-vacciné"

Conclusion

C'est faux. Selon des données britanniques sur les plus de 80 ans, en cas d'apparition de symptômes du covid 19, les vaccinés ont environ 40% moins de risque d'hospitalisation, et 50% moins de risques de décès que les non-vaccinés.

(1) Extrapolé à l’ensemble de la population de même âge, les auteurs estiment que la diminution du risque de décès chez les vaccinés (par Pfizer) infectés symptomatiques se situe vraisemblablement dans une fourchette de 36% à 62%. La diminution du risque d’hospitalisation était estimée entre 33% et 52% avec Pfizer et entre 3% et 69% pour AstraZeneca. Les données recueillies étaient insuffisantes pour estimer l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca sur les décès.
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