Covid-19 : (quand) faut-il se faire vacciner enceinte ?

Se faire vacciner contre le covid enceinte
Meilleur moment pour se faire vacciner enceinte contre le coronavirus, intérêt des vaccins à ARN messager pendant la grossesse, avis des médecins spécialistes... Retrouvez ici tout ce qu'il faut savoir sur la vaccination contre la Covid-19 lorsqu'on attend un enfant.

La campagne de vaccination contre la Covid-19, débutée en décembre 2020 se poursuit.

Au fil des phases, se sont d’abord fait vacciner l’ensemble des personnes à risque, puis celles âgées de plus de 18 ans sans comorbidité, suivi des enfants de plus de 12 ans puis des 5-11 ans. Pour les femmes enceintes, le chemin vers la vaccination a été long. Après une première autorisation de vaccination dès le deuxième trimestre de grossesse donnée le 3 avril 2021, une extension dès le début de la grossesse le 20 juillet 2021, le feu vert des professionnels de la gynécologie et de l'obstétrique pour une troisième dose le 17 novembre 2021, c'est finalement depuis le 27 novembre 2021 qu'elles peuvent afficher un schéma vaccinal complet, dès leurs qu'elles respectent le temps minimal entre deux injections. 

A quel trimestre de la grossesse se faire vacciner ?

Le 13 juillet 2022, la Haute autorité de santé a publié un communiqué de presse précisant qu'elle recommande l’élargissement d’une dose de rappel additionnelle (2e rappel ou 4e dose le plus souvent) à certains profils, dont les femmes enceintes. "En prévision d’un pic de vague omicron d’ici le début du mois d’août 2022 et afin de prévenir de possibles hospitalisations et/ou décès chez les plus vulnérables à risque de forme sévère, la HAS préconise qu’une dose de rappel additionnelle (2e rappel ou quatrième dose le plus souvent) avec les vaccins actuellement disponibles puisse être proposée aux personnes les plus vulnérables ; c’est-à-dire (...) aux femmes enceintes, dès le 1er trimestre de grossesse." En cas d'infection à la covid-19, elle rappelle qu'un délais de 3 mois est nécessaire avant de faire une dose de rappel, et six mois entre deux injections sans contamination entre temps.

Déjà en septembre 2021, le Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale allait en ce sens, précisant que les données alors disponibles, ne mettaient en avant "aucun argument pour considérer qu’une vaccination plus précoce présenterait un danger pour l’embryon/le fœtus". A l'époque, le COSV avait été saisi mi-juillet, alors que la vaccination était encore majoritairement recommandée au cours du 2ème trimestre de la grossesse. 

Le 28 décembre 2021, les chercheurs américains du Weill Cornwell Medecine, dans un article publié sur le site de l'institut et dans la revue spécialisée Obstetrics & Gynecology rendaient leurs conclusions après une étude de grande envergure, dans laquelle ils démontraient que le taux d'anticorps maternels étaient détectables après l'accouchement, que le vaccin ait été réalisé avant ou pendant la grossesse. Toutefois, ils avaient noté quelques différences en fonction du moment de l'injection. 

Ainsi, ils avaient découvert que les niveaux d'anticorps à l'accouchement avaient tendance à être plus élevés lorsque la vaccination avait lieu au troisième trimestre. Cependant, ils avaient également constaté que les niveaux d'anticorps à l'accouchement étaient toujours élevés, et probablement toujours protecteurs, lorsque la vaccination avait lieu au début de la grossesse ou même quelques semaines avant celle-ci. Ils avaient précisé qu'un rappel en fin de grossesse pouvait augmenter les niveaux d'anticorps. Pour eux, il n'y avait donc pas lieu de reculer une vaccination après la naissance d'un enfant.

Des conclusions qui faisaient suite à l'analyse de 1 359 femmes enceintes, ayant déclaré avoir été vaccinées contre la Covid-19, pendant ou jusqu'à six semaines avant la grossesse, et qui avaient accouché au NewYork-Presbyterian/Alexandra Cohen Hospital for Women and Newborns après 34 semaines de grossesse ou plus. Parmi elles, les 20 ayant déclaré avoir reçu une dose de rappel au cours du troisième trimestre de grossesse, présentaient des taux d'anticorps encore plus élevés dans le sang maternel et le sang de cordon. 

« Le message, c'est que vous pouvez vous faire vacciner à tout moment pendant la grossesse et que cela sera probablement bénéfique pour vous et votre bébé au moment de la naissance. », avait alors déclaré l'un des auteurs de l'étude, le Dr Yawei Jenny Yang, professeur adjoint de pathologie et de médecine de laboratoire à Weill Cornell Medicine et pathologiste au NewYork-Presbyterian/Weill Cornell Medical Center. « Ces résultats d'étude sont cohérents avec ce que nous observons avec d'autres vaccins maternels tels que la grippe et le Tdap*, qui, lorsqu'ils sont administrés pendant la grossesse, protègent la mère et le bébé », précisait le Dr Laura Riley, présidente du département d'obstétrique et de gynécologie au Weill Cornell Medicine, et obstétricien et gynécologue en chef au NewYork-Presbyterian/Weill Cornell Medical Center.

Les chercheurs prévoyaient alors d'autres études pour examiner les effets du vaccin et des rappels dans différentes conditions liées à la maternité, et dans le contexte de la propagation du variant Omicron du SRAS-CoV-2.

*l'équivalent du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, appelé DTaP en France.

Une troisième dose de vaccin quelque soit le terme de la grossesse

En France, la troisième injection est proposée à toutes les femmes enceintes ou celles avec un désir de grossesse. Une décision en date du 27 novembre 2021, qui fait suite à l'avis du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) et du Groupe de Recherche sur les Infections pendant la Grossesse (GRIG), publié le 17 novembre. Furieux que la troisième injection ne soit pas proposée aux futures mères, ils y estimaient que la baisse de l’immunité dans le temps, couplée à la vulnérabilité particulière des femmes enceintes vis-à-vis de la COVID, et d’autant plus spécifiquement en cas de comorbidité (maladie chronique, traitement immunosuppresseur, diabète, HTA, obésité, âge avancé…), devaient aboutir à une campagne de rappel : « une troisième dose de vaccin anti SARS-CoV2 doit être proposée aux femmes avec désir de grossesse ou enceintes, quel que soit le terme de la grossesse, lorsque le schéma initial date de plus de 6 mois » avaient-ils alors déclaré.

Dans leur publication, ces deux institutions de référence rappelaient que « par rapport à une femme enceinte non infectée, il y a un risque multiplié par 18 d’admission en soins intensifs, par 2,8 de perte fœtale, par 5 d’admission du nouveau-né en soins intensifs et plus si comorbidité. » Elles précisaient également que les femmes enceintes vaccinées étaient trois fois et demi moins souvent infectées et qu'aucun effet tératogène, ni effet sur la reproduction des vaccins n'avait été, à ce jour, constaté.

Pas de risque pour les femmes enceintes vaccinées par l'ARN messager 

Aujourd'hui, les femmes enceintes qui le souhaitent peuvent donc se faire vacciner contre la Covid-19, à raison de quatre doses. Elles sont bel et bien reconnues comme groupe à risques de formes graves par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et la Haute Autorité de Santé (HAS), d’autant plus s’il existe une comorbidité. 

Les institutions de santé préfèrent les dispositifs à ARN messager, comme Pfizer/BioNTech et Moderna pour les femmes enceintes. Le 18 janvier 2022, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a ainsi déclaré que les études sur les vaccins anti-Covid-A9 de ces deux laboratoires ne présentaient aucun risque pour les mères et leur bébés. Cette affirmation fait suite aux conclusions d'un groupe de travail du régulateur européen, qui a passé en revue et recoupé une douzaine d'études réalisées sur 65 000 futures mères au total. Le communiqué précise que  "L'examen n'a identifié aucun signe d'un risque accru de complications pendant la grossesse, de fausses couches, de naissances prématurées ou d'effets indésirables chez les bébés à naître après la vaccination par vaccin anti-Covid ARNm". Il rappelle également que "les avantages des vaccins anti-Covid à ARNm pendant la grossesse l'emportent sur tous les risques possibles pour les femmes enceintes et les bébés à naître".Quant aux autres vaccins autorisés, l'EMA a déclaré qu'elle examinerait leurs données "au fur et à mesure qu'elles seront disponibles".

Ce que l'on sait déjà en revanche, et ce depuis l'été 2021, c'est que le vaccin Vaxzevria (plus connu sous le nom d'AstraZeneca) étant un vaccin à adénovirus, autrement dit, employant un virus non pathogène pour provoquer une réponse immunitaire, n'est pas recommandé. De plus, les doses commandées par la France au groupe Anglo-suédois ont, pour beaucoup, été cédées au programme de solidarité internationale Covax (pour les pays en développement). Cela fait suite aux risques de thromboses démontrés à de multiples reprises, et à l'arrêt des livraisons dans les pharmacies et les établissements de santé.

De nombreux gynécologues et obstétriciens en faveur de la vaccination

L'implication des gynécologues et obstétriciens en faveur de la vaccination (sous certaines conditions) pour les femmes enceintes et en désir d'enfant perdure. Déjà, en janvier 2021, ils étaient nombreux à se soulever contre le principe de précaution visant à ne vacciner que les futures mamans à partir du deuxième trimestre. Ainsi, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se positionnait en faveur de la vaccination des femmes enceintes en priorité. Pour lui, les vaccins Covid étant à ARN messager et non pas de type vivant atténué n'avaient « pas de raison d’être contre-indiqués ». Même chose pour la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) qui avait alors publié la déclaration suivante : « Il y a lieu d’offrir la vaccination aux femmes enceintes ou allaitantes en tout temps si elles y sont admissibles et ne présentent aucune contre-indication. » Ils y expliquaient que le risque d’infection ou de morbidité lié au virus était supérieur en théorie au risque lié à la vaccination. Ils ajoutaient de plus que, bien que les femmes enceintes soient exclues des essais cliniques, certaines étaient passées au-travers des mailles du filet. « Malgré cette exclusion, 23 femmes (12 dans le groupe vaccin et 11 dans le groupe témoin) ont signalé être enceintes pendant l’essai. Ces personnes sont suivies pour connaître les issues de grossesse. À ce jour, aucun effet indésirable n’a été signalé », affirmait alors le SOGC.

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