Un an après avoir lancé une pétition à succès, accompagnée d'un recours contre l'État pour inaction climatique, les quatre ONG à l'origine de l'Affaire du siècle passent à l'acte II. L'enjeu est de créer une cartographie des impacts du changement climatique en France grâce à un appel à témoignages. Près de 16 000 personnes ont déjà répondu à l'appel. Une façon de poursuivre la mobilisation sans attendre la décision de la justice.

Et si 2020 était l’année des citoyens ? Fin décembre 2018, quatre ONG – Greenpeace, Oxfam, la Fondation Nicolas Hulot et l’association Notre affaire à tous – lançaient une pétition en ligne contre l’État français pour inaction climatique. En quelques jours, elle devenait la plus populaire de l’histoire de France avec plus de deux millions de signataires. Au-delà de cette mobilisation sans précédent, c’est par la voie judiciaire que les ONG ont choisi d’attaquer l’État.
Elles ont ainsi déposé un recours en mars 2019 dénonçant son "action défaillante" en termes de réduction des gaz à effet de serre et sa "carence fautive". Mais le temps de la justice n’est pas celui de la politique. "Il y a un décalage temporel qu’on avait un peu anticipé", reconnaît Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France. "Dès le début, on avait dit que la priorité c’était d’aller le plus loin possible et de l’emporter à la fin, mais ne doit pas rester les bras croisés entre-temps", ajoute-t-il.
Les citoyens deviennent des témoins du climat
Pour ne pas faire retomber l’espoir suscité par la pétition et les Marches pour le climat, les ONG viennent donc de lancer leur acte II. Les associations invitent tous les citoyens à devenir des "Témoins du climat" en révélant les impacts directs du changement climatique sur leur vie. L’objectif est de créer une cartographie de ces impacts, de la canicule aux récoltes brûlées en passant par la disparition des forêts.



"Il a fait 45°C dans ma ville durant l’été", témoigne Bastien. "Le mur de ma maison, pourtant vieille de 250 ans, s’affaisse à cause de la rétractation des argiles liée à la sécheresse", fait savoir Pascale. "Là où j’habite, il y avait des neiges éternelles, maintenant il n’y a rien", ajoute Marion. Près de 16 000 personnes ont déjà répondu à l’appel. "Les témoignages les plus détaillés, les plus circonstanciés, ceux qui pourront fournir des preuves, pourront venir appuyer le recours", explique Cécilia Rinaudo, directrice générale de Notre Affaire à Tous.
Une victoire historique aux Pays-Bas
Ce recours juridique a parfois été critiqué, notamment par l’avocat spécialiste en droit de l’environnement Arnaud Gossement qui saluait dans une interview à Novethic le "volet politique de l’action indéniablement intéressant", mais fustigeait l’utilité du recours qui pouvait conduire à une déception. "Le jugement ne déviera pas la trajectoire du paquebot-État", croyait-il.
Mais la décision historique, fin décembre, de la Cour suprême néerlandaise, a redonné espoir aux citoyens mobilisés. Cette dernière a obligé les Pays-Bas à revoir à la hausse leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre mettant fin à une longue bataille juridique portée par 900 citoyens néerlandais au sein de l’association Urgenda.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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