La vitamine K pourrait aider à lutter contre Covid-19, selon des chercheurs

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude préliminaire dont les résultats ont été relayés par The Guardian explore un lien possible entre une carence en vitamine K et un risque plus important de forme grave du Covid-19 voire de décès chez les patients concernés. Cette découverte doit encore être confirmée mais les chercheurs estiment qu'il s'agirait d'un moyen simple de prévenir les complications liées à l'infection.

En pleine épidémie de coronavirus, certaines études avaient mis en avant une corrélation significative entre de faibles taux sériques de vitamine D et un risque de mortalité lié au Covid-19 plus important. Comme l'explique l'Académie de médecine, cette découverte est liée au fait que cette vitamine module le fonctionnement du système immunitaire et joue un rôle dans la régulation et la suppression de la réponse inflammatoire cytokinique, à l’originedu syndrome de détresse respiratoire aigu qui caractérise les formes sévères et souvent létales de Covid-19. C'est pourquoi l'organisme a estimé qu'elle pourrait être considérée comme un adjuvant à toute forme de thérapie contre l'infection.

Voilà qu'une autre vitamine fait parler d'elle : la vitamine K. Selon le quotidien britannique The Guardian, des chercheurs néerlandais, qui ont étudié des patients admis à l'hôpital Canisius Wilhelmina de la ville de Nimègue,vantent ses bienfaits après avoir découvert un lien entre une carence et des formes graves de l'infection. Ces derniers affirment que les patients décédés ou admis aux soins intensifs pourune infection au Covid-19se sont révélés être carencés en cette vitamine que l'on trouve notamment dans les épinards, les œufs et les fromages à pâte dure, ce qui laisse espérer que les changements alimentaires pourraient être une partie de la réponse à la lutte contre la maladie.

« La vitamine K est bonne pour les vaisseaux sanguins »

Selon l'équipe scientifique, ses possibles bienfaits s'expliquent par le fait que le Covid-19 provoque la coagulation du sang et conduit à la dégradation des fibres élastiques dans les poumons. Or, la vitamine K, ingérée par les aliments et absorbée dans le tractus gastro-intestinal, est essentielle à la production de protéines qui régulent la coagulation sanguine et peuvent protéger contre les maladies pulmonaires. Les chercheurs sont en demande de financement pour un essai clinique, mais le Dr Rob Janssen, un scientifique travaillant sur le projet, encourage, à la lumière des premiers résultats, un apport sain en vitamine K, sauf pour les personnes sous médicaments anticoagulants comme la warfarine.

« Nous sommes dans une situation terrible dans le monde en ce moment. Nous avons une intervention qui n'a aucun effet secondaire, encore moins qu'un placebo. Mais il existe une exception majeure : les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants », précise le scientifique dans les colonnes du Guardian. « Mon conseil serait de prendre des suppléments de vitamine K. Même si cela n'aide pas contre Covid-19 sévère, elle est bonne pour les vaisseaux sanguins, les os et probablement aussi pour les poumons. » Cette première étude a été entreprise en partenariat avec le Cardiovascular Research Institute de Maastricht, un important institut de recherche en Europe.

Quelles sources alimentaires pour la vitamine K ?

Elle a consisté à étudier 134patients hospitalisés pour Covid-19 entre le 12 mars et le 11 avril, aux côtés d'un groupe témoin de 184 patients non infectés. Le Pr Jona Walk, une deuxième chercheuse membre de l'équipe qui a mené l'étude, a fait savoir que la prochaine étape consistera à mener une autre étude dans laquelle des patients atteints d'une forme grave de Covid-19 seront sélectionnés et devront prendre un placebo ou de la vitamine K. « Elle est très sûre à utiliser dans la population générale. Nous voulons donner de la vitamine K à une dose suffisamment élevée pour activer réellement la protéine si importante pour la protection des poumons, et vérifier si elle est sûre », conclut-elle.

Selon la revue scientifique Vidal, la vitamine K est nécessaire à la coagulation sanguine et à l’activation de protéines impliquées dans la construction de l’os, c'est pourquoi elle est utilisée en cas de saignements répétés ou d’hémorragies. Il en existe deux types :

  • la vitamine K1, présente dans les légumes à feuilles vert foncé tels que les choux, les épinards ou la salade, et dans les huiles végétales, par exemple d’olive, de soja ou de chanvre ;
  • la vitamine K2, présente dans le jaune d’œuf, le foie, le beurre et le poisson.

« Un repas riche en légumes verts peut apporter jusqu'à 400 µg de vitamine K. Une alimentation équilibrée suffit donc largement à couvrir les besoins », précise-t-elle.

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