DES PASTILLES SOLIDES POUR STOCKER L'HYDROGÈNE
Parmi les obstacles à l'utilisation de l'hydrogène comme énergie, les problèmes du stockage et du transport de ce gaz ne sont pas les moindres. Les méthodes des professionnels de la filière gaz, qui utilisent l'hydrogène comprimé ou liquéfié, conviennent à l'industrie. Mais beaucoup moins à la distribution de l'hydrogène pour des utilisations mobiles (téléphones, ordinateurs, automobiles...), destinées au grand public.
Cinq chercheurs de l'université technique du Danemark (DTU), proposent une nouvelle solution. Une pastille de quelques centimètres carrés, composée de sels de chlorure de magnésium, stable et manipulable sans danger, s'avère capable de stocker l'équivalent de 52 % de sa masse en ammoniac, soit 9 % d'hydrogène.
Jusque-là, l'ammoniac (NH3) avait bien été identifié comme l'une des molécules les plus aptes à stocker l'hydrogène. Sa synthèse industrielle est déjà optimisée, et très répandue, car cette molécule, indispensable à la chimie des engrais, est produite à plus de 100 millions de tonnes par an. Mais ce produit très toxique et corrosif est difficile à transporter dans des réservoirs pressurisés.
Pour contourner ce problème, l'équipe s'est inspirée d'un matériau déjà connu et existant à l'état naturel : un sel marin fossile à base de chlorure de magnésium, capable d'absorber l'ammoniac sous forme d'hexamine. « Pour déclencher la réaction de libération de l'ammoniac, il suffit de chauffer le sel à 300°C. Au contact d'un catalyseur à base d'un métal de transition, l'hydrogène et l'azote inerte se dégagent », explique l'un des cinq porteurs du projet, Claus Hviid Christensen, professeur de chimie au DTU.
Une façon sûre de contenir l'énergie
Le rechargement de la pastille est simple : le sel est mis au contact de l'ammoniac, à température et pression ambiantes. Résultat, il est possible de stocker dans sa poche, de façon sûre, l'équivalent d'1 litre d'hydrogène par gramme de sel.
La technologie, brevetée, a suscité l'enthousiasme de l'Institut de la propriété intellectuelle, organisme européen géré par l'université d'Alicante, (Espagne), qui lui a décerné le titre de brevet du mois dans son dernier bulletin. « C'est probablement la façon la plus sûre de contenir l'énergie que je connaisse », renchérit Claus Christensen, qui pense déjà au passage en phase pilote pour des équipements mobiles de petite taille.