Nucléaire: le projet d'EDF de six EPR en Inde avance d’un (grand) pas avec une offre technico-commerciale engageante
EDF a annoncé vendredi 23 avril avoir remis à l’exploitant nucléaire indien NPCIL l’offre technico-commerciale engageante française en vue de la construction de six EPR sur le site de Jaitapur, en Inde. Une étape majeure mais non concluante.
EDF va-t-il enfin construire six EPR sur le site de Jaitapur, dans l’Etat du Maharashtra en Inde ? Personne ne peut encore le dire. Mais l'énergéticien français a annoncé le 23 avril avoir remis à l’exploitant nucléaire indien NPCIL l’offre technico-commerciale engageante française. Cela marque une étape majeure dans le processus, débuté en 2009 par Areva, mais non concluante.
Selon EDF, toujours optimiste, c’est un jalon majeur qui va permettre « d’engager les discussions en vue de la convergence sur un accord cadre engageant dans les prochains mois », indique un communiqué. Si elle est intégralement construite, la centrale de Jaitapur, d’une puissance de 9,6 gigawatts, sera la plus puissante du monde. Elle produirait jusqu’à 75 TWh par an pour couvrir la consommation annuelle de 70 millions de foyers indiens.
Cette offre engageante succède à un accord industriel, non engageant celui-ci, qu’EDF avait signé avec NPCIL en mars 2018. Elle comprend la configuration technique détaillée pour les six EPR, tenant compte des éléments transmis par NPCIL sur les conditions du site de Jaitapur et des travaux approfondis menés conjointement entre EDF et NPCIL, notamment sur l’aspect sismique, qui avait beaucoup inquiété. L’offre contient également les conditions commerciales détaillées associées pour la fourniture des études d’ingénierie et des équipements pour les six réacteurs de type EPR.
L'ingénierie et l'équipement des îlots conventionnels
Concrètement, EDF interviendrait en tant que fournisseur de la technologie EPR et fournirait donc les études d’ingénierie et les équipements en vue de la construction des six réacteurs. Ce sont Framatome et GE Steam Power qui réaliseraient les éléments des six îlots nucléaires et conventionnels, tous équipés de la turbine à vapeur française Arabelle. EDF assurerait également la formation des futures équipes d’exploitation de NPCIL. Mais, comme annoncé par Jean-Bernard Levy, EDF ne serait "ni investisseur dans le projet ni en charge de la construction".
C’est NPCIL qui serait responsable de la construction et de la mise en service de la future centrale, même si EDF pourra lui partager "le retour d’expérience des autres projets EPR". Pour mémoire, seuls deux EPR, à Taichan en Chine, sont en service aujourd’hui dans le monde. Celui d’Olkiluoto 3 en Finlande doit démarrer courant 2021. L’exploitant nucléaire indien devra aussi obtenir les autorisations et certifications requises en Inde, dont l’agrément de la technologie EPR par l’autorité de sûreté indienne, en tant que propriétaire et futur exploitant de la centrale.
La formation et le retour d'expérience
Pour donner toutes ses chances au projet et l’inscrire dans les programmes nationaux "Make in India"et "Skill India", EDF a déjà identifié et pré-qualifié 200 fournisseurs indiens, créé une plate-forme d’ingénierie et lancé une étude de pré-faisabilité d’un centre d’excellence, avec l’Institut international de l’énergie nucléaire (I2EN) et le Veermata Jijabai Technological Institute (VJTI). La construction de chaque paire d’EPR devrait créer 25 000 emplois. Une fois achevée l’exploitation des six réacteurs, la centrale emploierait 2 700 personnes. Le projet devrait durer environ quinze ans. La balle est donc désormais quasi-exclusivement dans le camp indien et de NPCIL, qui doit trouver les financements dans un pays qui mise massivement sur le solaire.